Du Titanic, en passant par le MOL, puis le Costa Concordia le gigantisme met à l’épreuve les équipages, les secours et le milieu marin. Nouvel enjeu émergent le gigantisme ne concerne pas seulement les porte-conteneurs mais aussi ces navires de croisières comme le Costa Concordia qui illustre parfaitement différents enjeux liés à cette problématique. Le procès du capitaine du Costa Concordia s’est ouvert le 17 juillet dernier. Un an et demi après l’accident du Costa Concordia, Francesco Schettino, est jugé pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages causés à l’environnement. Cet accident qui a causé la mort de 32 personnes a remis en lumière la problématique du gigantisme des navires.
Une multiplication des accidents liés à des impératifs économiques
Depuis quelques années, le nombre de « navires géants » a considérablement augmenté afin de répondre à des impératifs de croissance. Pour cela les armateurs ont trouvé des solutions en construisant des navires plus grands pouvant atteindre jusqu’à 14 000 EVP (soit l’équivalent d’un conteneur de 6 mètres) voire 18 000. Il est pour l’heure difficile d’estimer exactement le nombre de conteneurs perdus en mer, on ne peut nier une augmentation d’accidents liés à ces « navires géants », soulevant ainsi de nombreuses questions. Surfrider Foundation Europe s’intéresse d’ailleurs de plus en plus à la nature toxique du contenu, parfois inconnue, de ces conteneurs auxquels sont exposés les personnels de manutentions, douaniers et l’environnement de façon accidentelle.
Pour n’en citer que quelques-uns des plus spectaculaires on peut rappeler l’accident en 2012 du MSC Flaminia qui a perdu près de la moitié de ces 2876 conteneurs en mer dont 37 à contenu hautement toxique. Un incendie puis une explosion étaient survenus à bord quelques jours plus tard. Plus récemment, le porte-conteneurs MOL Confort s’est brisé le 17 juin 2013, avant que la partie arrière ne coule dans l’Océan Indien relâchant ainsi 1700 conteneurs et 1 500 tonnes de fioul par 4000 m de fond. Certains conteneurs transportant des substances dangereuses une pollution du milieu marin s’avère inévitable, d’autant qu’il n’existe pas de moyen technique pour les récupérer et répondre ainsi efficacement à ce type de pollution. La recherche en vue de la prévention et de la réduction de ces pollutions doit devenir une priorité dans un paysage juridique d’un vide sidéral.
Les dérives des croisières géantes
Les enjeux sont multiples tout comme les questions liées à cette problématique. Face à des navires toujours plus imposants se pose inévitablement la question du caractère manoeuvrable de tels navires, qui plus est dans certaines parties du monde où la circulation est accrue du fait d’une augmentation des échanges commerciaux.
Mais il y a également des enjeux sécuritaires important qui sont à prendre en compte en cas d’accidents notamment des questions de sécurité humaine, surtout quand on sait que certains de ces navires géants peuvent avoir jusqu’à 8000 personnes à bord.
Le cas du Costa Concordia a également mis en avant la question du remorquage et du démantèlement de ces navires. Le renflouement du navire dont l’épave git toujours à quelques dizaines de mètres de l’île Giglio a été plusieurs fois repoussé du fait des risques d’une telle manoeuvre. Si septembre 2013 a été évoqué, le manque de garantie que cela fonctionne pourrait une fois de plus repousser l’interminable échéance. En effet, une seule tentative ne sera envisageable, en cas d’échec le navire pourrait se briser et ainsi répandre des tonnes d’eaux polluées.
Pour une sécurité maritime plus sûre
Si ici il ne s’agit pas de pollution volontaire les risques humains mais aussi environnementaux sont importants et ne sont que peu pris en compte aujourd’hui dans les réglementations internationales. Le problème avait pu être soulevé lors de la conférence sécurité maritime organisée à Biarritz en 2012, en matière de sécurité maritime, les réglementations sont prises en réaction à des catastrophes. Pourtant il faut aujourd’hui pouvoir agir en amont, prévenir et plus seulement répondre, en établissant et renforçant les normes de sécurité. La question des porte-conteneurs sera notamment prise en compte dans le paquet Erika IV défendu par Surfrider pour une sécurité maritime plus sûre.
Emilie Chavaroche, Rédactrice Environnement
Le programme « Transport et infrastructures maritimes » vise à défendre une politique de développement durable dans le transport maritime européen. Il s’articule notamment en deux logiques : la recherche juridique et l’action en Justice qui permettent aujourd’hui à l’association d’être présente auprès des instances européennes et d’influencer les décideurs politique et juridique sur l’impact environnemental du transport maritime. En 10 ans de lobbying, l’association compte 18 procès pour dégazage. Le Rapport Sécurité Maritime est consultable et téléchargeable (en français, en anglais et en espagnol) sur le site Prestige10th.