Depuis la conférence de Tenerife en 2010, un projet passionnant mûrit progressivement : celui d’inscrire la pratique du surf au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les vagues et le littoral sont victimes de nombreuses agressions. Surfrider Foundation Europe cherche depuis plus de 20ans des solutions pour les protéger. En 2011, la « Global Wave Conference » faisait l’état des lieux des menaces pesant sur les vagues, Surfrider proposait alors son dossier « vagues et surf à l’Unesco ». Où en est-on de cette démarche ? Quels en sont les enjeux ? Cette année un événement phare de Surfrider, le « Beach Day », sera l’occasion de mettre la notion de patrimoine à l’honneur.
Le patrimoine mondial de l’Unesco permet d’identifier, de protéger et de préserver les richesses de l’humanité. Le patrimoine mondial est universel, les sites protégés appartiennent à tous sans tenir compte des frontières ni des clivages. Cette démarche permet d’ouvrir les yeux sur ce qui est beau mais aussi fragile, elle montre qu’il faut mettre en valeur les héritages du passé si l’on veut toujours pouvoir en jouir dans l’avenir. Surfrider a réfléchi au meilleur moyen de protéger les vagues par le biais de l’UNESCO. Protéger une seule vague serait certes emblématique mais restreint. Finalement, c’est le surf en tant que pratique culturelle et sociologique qui pourrait intégrer le patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Le surf est une culture légitime, les vagues sont une richesse
Après un entretien avec le ministère de la culture, c’est bien l’idée de mettre en avant la pratique et la culture du surf qui a été retenue. Cette appellation serait la plus performante en termes de protection. D’autant que classer des sites précis s’avère compliqué : beaucoup se situent dans des territoires non signataires de la convention UNESCO. Aussi, il est de plus en plus répandu de classer des pratiques, pourquoi ne pas surfer sur cette tendance ?
Le surf est facilement perçu comme un loisir léger, son image « fun » et « cool » est souvent caricaturée. Tout l’enjeu de la démarche est de dépasser ces clichés. Le surf s’appuie sur une véritable culture. Les surfeurs cultivent un art de vivre précieux tourné vers l’amour et le respect de la nature.
Les vagues sont bien plus qu’une simple source de plaisir pour une bande de « riders » branchés ! Comme le montrent les « Surfonomics », les zones de surf sont source de bénéfices environnementaux mais aussi sociaux et économiques. Or de nombreux spots de surf sont aujourd’hui en danger ou ont déjà disparu. Prenons l’exemple de La Barre à Anglet, vague autrefois mythique que de nombreuses digues ont quasiment anéantie.
Une démarche qui fait son chemin
Inscrire le surf au patrimoine mondial de l’Unesco est une démarche longue et exigeante. Surfrider est encore bien loin d’être arrivés au bout de l’aventure ! Aujourd’hui nous établissons un inventaire de ce qui constitue le patrimoine de la culture surf, comme des films et des oeuvres littéraires. Les « Global Wave conference », dont la prochaine aura lieu en Angleterre en 2015, permettent de fédérer les différents acteurs de la protection des vagues et de rechercher les meilleurs moyens de défense. Une telle mise en valeur du surf permettrait en quelque sorte de sacraliser les vagues, de mettre en évidence leur fragile valeur. Dans les combats juridiques que Surfrider soutient, l’argument sportif pourra renforcer le discours environnemental. Aussi, reconnaitre le surf à l’Unesco permettrait de fédérer l’opinion autour de la protection des vagues. Ce serait un élément dissuasif pour tout projet mettant en péril un spot de surf.
Un événement dans la continuité de ce projet
Surfrider organise régulièrement des événements afin de sensibiliser le public à la préservation de l’environnement. Lier un événement à la thématique «Patrimoine et vagues » permet de diffuser auprès du grand public les enjeux du projet Unesco. Cette année le Beach Day, un événement phare créé par Surfrider Foundation Europe, revient pour sa deuxième édition. Il aura lieu en même temps que les journées européennes du patrimoine. Cela n’est pas une coïncidence ! Tout en reprenant le concept de 2012 d’initiation aux sports de plage, l’événement sera axé cette année sur la préservation du patrimoine. Il se tiendra dans trois lieux à la richesse paysagère emblématique pour sensibiliser le public à sa beauté et sa protection. Le 14 septembre 2013 à Quiberon, Cassis et La Teste-de-Buch, le public pourra redécouvrir notre patrimoine marin autour d’animations ludiques et sportives.
Anna Frémont, Rédactrice environnement