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Rencontre: Martin Dupont, « surfeur solidaire »

Avez-vous déjà entendu parler de cette association, Surfeurs Solidaires, qui récolte et distribue du matériel de surf dans les régions les plus défavorisées de la côte africaine, dont le Maroc? En 2013 sort le film Surf El Amal, réalisé par les membres de l’association : l’idée était de promouvoir à travers le film les actions de Surfeurs Solidaires. Mais le film va bien au-delà en proposant un tableau différent du surf au Maroc.

Sea, Surf, Sun and Solidaires

Loin de simples belles images, clichés d’une destination surf idyllique, ce sont les communautés surf qui sont mises à l’honneur: ce film ne vous donne pas simplement envie d’aller surfer les vagues au Maroc, il donne envie d’aller surfer parmi eux, ces locaux vite oubliés, une envie devenue aujourd’hui bien trop rare.

Le film était projeté le 17 janvier dernier par Surfrider Campus à Biarritz. Après le film, l’heure était d’aller à la rencontre de Martin Dupont, membre de Surfeurs Solidaires et scénariste de Surf El Amal. Revenant sur son parcours dans l’association, il me parle de surf, du Maroc et de ses voyages, et puis du film. Le Maroc n’a pas encore connu le boom surfique comme on a pu le voir en Californie et ailleurs, la cause en partie à une absence de promotion du surf et un manque de matériel, bien que présent il reste encore cher pour les locaux, ce qui fait que les surfshops restent réservés à une classe aisée ou aux Occidentaux qui viennent gouter aux joies du surf au Maroc.

Mais la discussion se dirige très vite sur l’ambiance à l’eau et pousse à la distinction « surf au Maroc » et « surf à la marocaine ». Il n’est point question de performance ou de style dans cette distinction, mais plutôt de sentiment.

De bons esprits pour un bon surf

Comme dans d’autres pays, beaucoup viennent au Maroc en surftrip, mais le contact avec la population locale reste timide, on surfe au Maroc, et finalement le au Maroc ne sert que d’indication géographique. Mais il existe une autre façon de surfer au Maroc, façon qu’a connu Martin Dupont. Mis à part ceux qui en ont les moyens, les surfeurs au Maroc survivent leur passion avec les moyens du bord : pas de voiture ou presque, peu de matériel, du bricolage, de l’entraide, de la bonne volonté. Martin me raconte les « kids » qui se relaient à cinq voire plus une seule planche. Forcément, ça donne une autre vision du surf, un surf beaucoup moins dans la performance ou l’individualisme, des caractéristiques qui peuvent donner ici en Occident la vision du surf comme sport de « célibataire » ou d’ « égoïste ». Pas de ça pour le surf à la marocaine. Alors  bien sur, le trait est ici volontairement grossi, mais le principal est d’en saisir l’idée : qui n’a pas eu de session surf affadie par l’ambiance qui régnait à l’eau ? Ce phénomène semble bien plus rare au Maroc, et cela ne semble pas seulement tenir au fait qu’il y ait moins de monde à l’eau…

Le souvenir marquant: Aïn Sebaâ

Lorsque je demande à Martin s’il existe des petits noyaux de surf au Maroc, des groupes très solides socialement menés par la passion du surf, sa réponse est sans détour : « Aïn Sebaâ, dans la zone industrielle de Casablanca, il y a un club, le Club de la Vague Bleue. Si tu prends de la drogue, si tu fumes, t’as pas le droit d’être dans le club. Si tu vas pas à l’école, t’as pas le droit d’être dans le club. Si tu respectes pas les valeurs du surf, t’as pas le droit d’être dans le club ».

Ce club aux conditions très strictes est une véritable « pépinière de bons surfeurs », avec une solidarité « immense », où les plus anciens se doivent d’enseigner aux débutants. Le niveau est très bon, mais les individus restent invisibles médiatiquement du fait qu’on leur refuse l’accès aux grandes compétitions internationales par peur qu’ils ne rentrent pas au Maroc. Mais ces « gars-là » ne se posent pas la question de partir du Maroc, leur horizon se trouve chez eux, avec leur Vague.


En route vers le spot d’Aïn Sebaâ…

Le « repère » du quartier

Ce club s’illustre dans le quartier d’Aïn Sebaâ, quartier avec ses problèmes de drogue, parfois de fondamentalisme, « c’est une famille » nous confie Martin Dupont.  « La dynamique du groupe est incroyable » : Abdelhadi et Mostafa sont les créateurs du club, et se présentent parfois comme « président » ou « vice-président », des qualifications trop officielles qui contrastent avec l’ambiance solidaire qui règne dans ce club, plutôt cette « famille ». D’ailleurs, le club est un véritable repère pour les enfants du quartier en les préservant des dangers de la drogue, de la délinquance, il ne s’agit que de surf pour ces « gars du club », mais un style de surf à la marocaine : du matériel bricolé ou presque, du talent, de la volonté de partager l’instant présent, et des sourires, beaucoup de sourires, bref que du surf… el amal…

L’entretien se termine et Martin s’arrête dans sa description mais on comprend vite que c’est ce souvenir de surf épuré, avec eux, qui lui laisse un sourire indélébile sur le visage.

Vous pouvez faire don de votre temps, de vos compétences, de tout objet permettant la pratique de surf, bodyboard, skate (neuf et occasion bon état) en les contactant par e mail () ou sur les lieux de dépôt:

A Anglet : « SUP TRIBE stand up surf shop », 7 allée Louis de Foix (à coté des shappeurs Starck/Rougé/Minvielle).

A Biarritz : Surfrider foundation: 33 allée du Moura, 64 200 Biarritz, 05 59 01 61 57

En Charente : Moana Surf School, Ile D’Oleron, 06 80 14 36 57

Alban Derouet, Rédacteur environnement