Surfrider était l’invité de la conférence « Let’s Bag It », qui se tenait au Parlement Européen le 19 février, pour discuter avec d’autres parties prenantes sur l’avenir des sacs plastiques : des représentants d’ONG, industriels, eurodéputés, legislateurs nationaux et locaux ainsi que des organismes de réglementation étaient présents. Cette conférence intervient en plein débat sur les sacs plastiques légers depuis la proposition d’un texte par la Commission Européenne pour réduire leur consommation. Cette participation est un indice de la reconnaissance accordée à Surfrider à l’échelle européenne, comme interlocuteur de premier rang pour la protection du milieu marin et côtier, dont la voix aujourd’hui forte d’une expertise, compte et mérite d’être écoutée.
Surfrider au Parlement européen
Antidia Citores, coordinatrice pour le Lobbying Surfrider, a fait part de l’expertise acquise par l’association sur les déchets marins pour appuyer les demandes portées auprès des décideurs européens et nationaux, afin de limiter la présence invasive de plastiques dans l’environnement marin. Au premier rang de ces demandes figure l’interdiction de tous les sacs plastiques à usage unique.
Surfrider mène depuis 2009 des actions de lobbying pour lutter contre les déchets plastiques, dont les sacs plastiques. Invité logique de la conférence, Surfrider s’est fait entendre sur les lacunes persistantes dans la législation européenne. Des lacunes qui font face à des attentes précises des citoyens européens: la Commission Européenne leur avait soumis la question de la réduction des sacs plastiques, et ils s’étaient prononcés à plus de 70% en faveur d’une interdiction des sacs plastiques à usage unique. Lors de la campagne des Initiative océanes 2013, Surfrider avait rapidement réunis 22 583 signatures pour une interdiction des sacs plastiques à usage unique, remises en novembre 2013 au Commissaire européen à l’environnement.
Proposition en cul de sac
La proposition de la Commission européenne pour réduire la consommation des sacs plastiques légers reste insatisfaisante pour limiter significativement et durablement leur présence dans nos mers et océans : elle ne fixe aucun objectif de réduction ni ne met en place une interdiction des sacs à usage unique à l’échelle européenne.
La participation de Surfrider à la conférence Let’s Bag It est un exemple des nombreux outils et stratégies de lobbying que met en place Surfrider pour faire entendre sa voix au plus haut niveau de décision dans le cadre de son combat contre l’invasion des déchets plastiques. Une invasion justement soulignée par l’eurodéputée Rébecca Harms dans son discours d’introduction : « Après nos 3 heures et demi de conférence, plus de 20 millions de sacs plastiques auront été utilisés à l’intérieur de l’Union Européenne, et plus d’un million finiront dans la nature […]. Il est maintenant pour nous d’agir, alors Let’s Bag It ».
La proposition de directive de la Commission européenne sur les sacs plastiques doit maintenant être soumise au vote de la Commission environnement du Parlement européen le 10 mars prochain avant un vote de tous les Eurodéputés en avril 2014. Avec cette reconnaissance en appui, Surfrider entend défendre ses amendements proposés sur le texte européen : pour un objectif chiffré de réduction avant une interdiction de tous les sacs plastiques légers, ne devant souffrir d’aucune exception.
De « usage limité » à « réutilisable »
Aucune exception, ni exemption puisque comme le Professeur Thompson l’a souligné, l’avenir ne se trouve pas dans un autre type de plastique à usage limité: « Il ne s’agit pas de dire que je suis contre le biodégradable en soi, mais dans le contexte actuel de ce débat sur le sac plastique, il ne me semble que ce soit là une solution, solution qui se trouve davantage dans une conception de produits axés sur leur réutilisation. ». Autrement dit, la recherche d’un autre type de sac plastique, dégradable rapidement donc voué à usage très limité, est une fausse alternative. Car c’est bien dans l’ « usage unique » que le bât blesse, où des ressources précieuses sont utilisées pour une mauvaise habitude qui reste du gaspillage. Le changement se trouve dans l’alternative des sacs réutilisables, et surtout durables.
« Besoin d’un sac plastique quand on achète un sandwich? » Non.
Ce changement nécessaire devra aussi se faire dans nos habitudes : «A-t-on vraiment besoin d’un sac plastique quand on achète un sandwich ? » soulignait Antidia Citores. Des habitudes qui montrent que les citoyens dans leur rôle de consommateur sont aussi acteurs de la situation : « nous faisons partie de la solution » terminait-elle. Devant un consommateur trop habitué à l’usage de sacs plastiques légers, et afin de lui montrer qu’une autre voie est possible, il s’agit de l’accompagner dans cette démarche de changement qui devra aussi se faire dans son mode de consommation.
Aussi l’abandon du sac plastique ne se fera pas du jour au lendemain mais Surfrider souhaite l’interdiction d’ici 5 ans de tous les types de sac plastique à usage unique pour éviter de créer des déchets de produits dont nous n’avions pas besoin à l’origine.
Alban Derouet, Rédacteur environnement