« Retour à l’envoyeur » était l’opération menée par l’antenne Côte Basque de Surfrider. En envoyant des déchets collectés issus du rejet d’eaux usées non traitées directement dans l’océan, il s’agissait d’interpeller les élus et candidats aux municipales 2014 sur cette problématique, et de les mettre concrètement en face du problème. Le but était de sensibiliser les administrés et leurs citoyens, mais le message est-il bien passé ?
Des déchets de salle de bain sur les plages
L’idée était inspirée de la campagne de Surfrider Brésil en 2011, appelée « RETURN », où des déchets collectés sur la plage était renvoyés à leurs présumés « propriétaires », avec la mention « les déchets jetés dans l’océan reviennent toujours à l’envoyeur ». Avant d’accuser, il s’agissait surtout de sensibiliser pour responsabiliser le grand public au jet de déchets sur la plage.
Pour l’opération « Retour à l’envoyeur » de l’antenne Côte Basque, le but était d’interpeller les candidats pour qu’ils se positionnent sur les actuelles lacunes du traitements des eaux usées domestiques. Ainsi les déchets collectés étaient choisis pour correspondre à la problématique : cotons tiges, applicateurs de tampons (et autres), tous ces déchets étant fortement suspectés d’avoir été jetés dans les toilettes et rejetés directement avec l’eau non traitée lors d’un trop plein des bassins de rétention.
Bien entendu, il en va de la propre responsabilité des particuliers de ne pas jeter de tels déchets dans les toilettes : le slogan « jeter par terre, c’est jeter en mer » fonctionne aussi dans ce cas, et il important de toujours jeter les objets non organiques dans les endroits prévus à cet effet.
Rejet d’eaux souillées dans l’océan, les candidats interpellés
Mais il est très important de sensibiliser les candidats élus à la problématique des eaux usées rejetées dans l’environnement sans traitement. Dans le cas des réseaux unitaires comme sur la Côte Basque, les bassins de rétention, placé en amont des stations d’épuration, accueillent eaux de pluie et eaux usées domestiques. Lors de fortes pluies, les bassins peuvent fonctionner comme des « soupapes » face à des stations d’épuration à capacité de traitement non illimitée et libérer ainsi le trop plein dans l’océan, avec les déchets jetés dans les conduits d’évacuation comme les toilettes.
Ces déchets, visibles, sont aussi les indicateurs d’une pollution moins visible : puisque ces eaux rejetées sont non traitées elles sont donc chargées en éléments polluants (chimique et bactériologique). Pour François de l’antenne Côte Basque, les élections municipales représentaient une occasion de s’emparer du problème de façon nouvelle et différente, même s’il reconnait que certains politiques ont été « surpris » du geste : «L’avantage est de mettre la personne directement en face du problème, mais d’un autre côté, avec du recul, peut-être que certains ont été choqués par le geste et ont mal pris le fait d’être apostrophés de la sorte ».
De la sensibilisation en amont, mais peut-on compter sur les politiques?
Plus de vingt « colis » ont été envoyés, et une centaine de candidats ont été contactés au Pays Basque et Béarn. Seulement 10 candidats ont répondu, dont 9 de communes sur le littoral, «assez logique » pour Francois, pour qui « plus on s’éloigne de l’océan, moins on a conscience du problème, et moins on l’a déjà pris en compte dans l’action municipale ». Cette action révèle donc la pertinence de sensibiliser sur cette problématique malheureusement loin d’être assumée à l’heure actuelle par les communes.
Mais, dans ce cas précis, peut-on compter sur les politiques ? « Résolument oui » affirme François, car « à l’échelle des communes, les élus sont en prises directe avec les réalités du terrain ». Le message de l’antenne Surfrider Côte Basque était de faire prendre conscience et d’alerter les élus sur des questions de santé publique et de pollution.
Cette campagne, étalée sur 5 mois, de novembre 2013 jusqu’à mars 2114, possède un bilan positif sur la plan de la médiatisation et de la transmission des informations : la campagne a mobilisé bénévoles et salariés de Surfrider, de 20 à 60 personnes pour chaque collecte. Un mouvement collectif qui a permis de réfléchir en profondeur à des solutions à ce problème, un « travail motivant et mobilisateur » selon François. Les synthèses et solutions proposées ont été transmises aux élus, à eux maintenant de pouvoir se les approprier et les mettre en place.
Des solutions simples au problème
6 solutions sont proposées (disponible en entier sur le blog de l’antenne Côte Basque) : Sensibiliser les administrés, le grand public; ne pas limiter la problématique aux déchets visibles; travailler localement à l’échelle intercommunale; s’appuyer sur le réseau associatif; maitriser l’aménagement du territoire; et enfin améliorer les infrastructures.
Alban Derouet, Rédacteur environnement
36 antennes officielles de Surfrider Foundation Europe sont présentes dans 14 pays en Europe. Leurs différents réseaux locaux rassemblent plus de 700 bénévoles et permettent de diffuser le message de Surfrider tout en participant à la sauvegarde des océans et du littoral.
Crédits photo image à la une : blog « Pour la réhabilitation des plages de St-Brévin l’Océan »