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Sac plastique: espèce en voie de disparition ?

En adoptant de plus fortes mesures européennes visant à la réduction des sacs plastiques à usage unique, le Parlement européen a exprimé un soutien significatif aux associations environnementales dont Surfrider Foundation Europe, et ce malgré une forte opposition de l’industrie du plastique. Après un intense lobby mené par l’association, ce vote vient sanctionner une reconnaissance du problème des sacs plastiques et de leurs impacts néfastes sur l’environnement. Malgré la satisfaction de voir une introduction de nouveaux moyens de lutte contre leur présence dans l’environnement, Surfrider regrette cependant le rejet d’amendements qui rendaient le texte plus efficace. Manque d’ambition ou concession face aux lobbies des deux parties ?

Usage des sacs plastique enfin encadré

Surfrider Foundation Europe avait plaidé contre ces sacs à la Commission européenne pendant la Conférence LET’S BAG IT. Les eurodéputés ont voté des propositions en faveur d’une réduction des sacs plastiques à usage unique, modifiant la directive emballages 94/62/CE.

Le rapport de la députée Auken a été finalement adopté très largement le mercredi 16 avril 2014, aux alentours de 13h, avec 539 voix contre 51 et 72 abstentions. Le texte concrétise des attentes de l’association au niveau européen, et vient enfin contrer le phénomène de la consommation déraisonnée de sacs plastiques.

Désormais, les Etats membres devront respecter ces principaux objectifs :

  • Réduction de la consommation de ces sacs de 50% d’ici 2017, et de 80% d’ici 2019, par rapport à la consommation moyenne de 2010.
  • Les sacs dits « oxo-dégradable » sont reconnus nocifs, et leur abandon progressif est imposé.
  • Les magasins alimentaires ne peuvent plus distribuer de sacs plastiques en caisse gratuitement (sauf exceptions).
  • Les substances dangereuses devront être éliminées de tous les emballages.

Consommation « sans limite » contrecarrée

Pourtant, le vote n’était pas gagné d’avance pour Surfrider et les autres associations qui soutenaient le texte. Un lobby très fort a été mené jusqu’à la dernière minute par l’industrie du plastique, dont PlasticsEurope, qui tenta de persuader le Parlement Européen de rejeter les recommandations de son comité environnemental sur les sacs plastiques. Une propagande de dernière minute qui n’a pas entamé les convictions des eurodéputés comme en témoigne le résultat du vote.

Malgré un résultat positif dont Surfrider se félicite, une déception réside avec un texte final qui aurait pu être plus ambitieux. L’Union européenne dénonçait il y a quelques semaines le manque général de volonté des pays membres de l’Union Européenne concernant l’état écologique des mers et océans européens.

De plus, suite à un sondage de l’Union européenne, les citoyens avaient exprimé des attentes conséquentes par rapport à l’impact néfastes des sacs plastiques sur les milieux naturels. Une prise de conscience forte du grand public qui aurait pu être mieux défendue avec le texte original.

En effet, l’amendement interdisant les sacs plastiques à usage unique a été rejeté, et les députés continuent de soutenir la dite « alternative » du sac plastique biodégradable. Mais du plastique reste du plastique, et les effets néfastes sur l’environnement restent les mêmes si ces sacs s’échouent dans le milieu naturel et non pas des centres de compostage (rappel : le plastique dit « biodégradable » est en réalité compostable à 90% à la condition seule qu’il atterrisse dans un centre agréé). Le texte final présente des exemptions sur la nature des magasins et les types de sacs distribués, donnant des magasins alimentaires ayant une obligation de faire payer leurs sacs plastiques de caisse, face à des magasins non alimentaires bénéficiant d’un « encouragement » à ne plus distribuer de sacs plastiques gratuitement. L’information qu’il faut retenir est que ce texte n’interdit pas les sacs plastiques à usage unique, ni même qu’il ne rend pas non plus obligatoire la distribution payante de sacs pour tous les types de sacs plastiques et tous les types de magasins.

Néanmoins, pour les magasins alimentaires qui doivent faire payer obligatoirement leur sacs plastiques à usage unique, cela ne devrait pas se répercuter sur le prix du produit (comme dans le cas d’une taxe par exemple), le texte final disant: « Les États membres prennent des mesures pour garantir que les opérateurs économiques vendant des denrées alimentaires ne distribuent pas de sacs en plastique à poignées gratuitement ».

Ainsi l’association regrette finalement cette obstination à rechercher de « fausses » alternatives, alors que l’unique alternative réside dans la prévention et la réutilisation. Un regret que l’on retrouve dans les nombreuses exemptions du texte, réduisant le champ d’action de cette directive qui rappelons-le n’est là que pour défendre un bien commun de l’humanité, notre environnement.

Alban Derouet, Rédacteur environnement.