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Aux origines des déchets aquatiques: un projet pilote s’y interesse

Nouvel axe de recherche phare de Surfrider Foundation Europe sur la problématique des déchets aquatiques, le projet Riverine Input vise à mieux comprendre l’apport des rivières en déchets. Pour les déchets dits « aquatiques », 80% d’entre eux ont une origine éloignée des océans et mers. Ce projet cherche à mieux comprendre le trajet amont-aval des déchets, à l’échelle d’un bassin versant. L’étude se penche sur les connexions entre les rivières et l’océan, afin de saisir scientifiquement l’articulation entre les vecteurs principaux de déchets et leur réceptacle final.

Reconnu scientifiquement et politiquement à l’échelle européenne comme solide et novateur, ce projet estampillé Surfrider apportera une vraie réponse à un changement climatique déjà commencé.

Un blog entièrement consacré à ce projet a été mis en place, permettant de suivre photos à l’appui cette nouvelle étude.

UN PROJET, UNE RECONNAISSANCE SCIENTIFIQUE, UNE RECONNAISSANCE EUROPEENNE

Lancée officiellement il y a 8 mois, une étude de cette envergure, à l’instar de tout projet scientifique sérieux, signifie que la phase de validation et consolidation du protocole est toujours en cours.

Novateur, Riverine Input intéresse, sur le terrain mais aussi au niveau de l’administration européenne et des scientifiques.

Présenté cette semaine à Riga dans le cadre de la Directive Cadre Stratégie pour le milieu marin par Jean-Baptiste Dussaussois en charge du programme, le  projet attire l’attention : il est l’un des seuls à l’échelle européenne qui soit à un tel avancement.

Lors de la table ronde, l’étude est reconnue solide et novatrice par les pairs scientifiques hors Surfrider mais aussi du côté de la Commission européenne qui a décidé de l’intégrer à la Directrice cadre: cela signifie que tous les 6 mois, ce projet Surfrider sera consulté pour apporter des modifications à la réglementation selon les résultats trouvés .

C’est un vrai programme de développement durable, qui va pouvoir répondre à des problématiques autant économique que de comportements. A l’heure d’un changement climatique entamé, ce projet s’inscrit dans la durée pour répondre à des vraies questions d’intérêt général.

POURQUOI UN TEL PROJET ?

Ce projet, pensé et conçu par Cristina Barreau (juriste spécialisée en droit maritime chez Surfrider Foundation Europe), est officiellement lancé en octobre 2013. Il vient à  la suite d’un constat issu des statistiques des Initiatives océanes obtenues sur plusieurs années : en moyenne 80% des déchets retrouvés en mer proviennent de l’intérieur des terres. Ce constat fait face à des nouvelles questions sur l’origine ou encore le trajet des déchets, comme l’indique Cristina Barreau :

« 80% des déchets sont d’origine continentale mais nous avons très peu d’idées sur les sources, les quantités et pourquoi ces déchets se retrouvent dans les rivières et les cours d’eau ».

Ainsi, la mise en place d’un projet dédié à la problématique des déchets aquatiques est nécessaire pour répondre aux questions et surtout afin d’en identifier les solutions possibles.

Depuis octobre 2013, une équipe est constituée et un protocole scientifique est élaboré par Jean Baptiste Dussaussois, en charge du programme Riverine Input :

« Cette étude pilote se déroule sur le bassin versant de l’Adour et a donc pour objectif de mieux comprendre la dynamique des déchets et d’agir directement à leur source ».

Il s’agit de remonter les différentes pistes des déchets afin d’en évaluer précisément leurs différentes sources et les quantités correspondantes. Cette étude « pilote » devrait durer 3 ans, et son protocole pourrait à terme être appliqué à d’autres bassins versants.

POURQUOI L’ADOUR ?

C’est le fleuve Adour qui a été choisi car il est un bon exemple de bassin versant et est donc un terrain idéal pour cette étude pilote. Prenant source dans les montagnes, le Massif des Pyrénées, il est long de 300 kilomètres, traverse villes et villages, et son débit est alimenté par près de 6000 ruisseaux et rivières, avant de terminer sa course dans l’océan Atlantique. Ce fleuve représente un cadre privilégié d’étude : bordé du côté Ouest par l’océan Atlantique et par le Massif des Pyrénées côté Sud, sa proximité avec l’océan lui donne l’avantage d’être alimenté en automne et hiver par des fortes précipitations issues des entrées océaniques, puis par la fonte des neiges au printemps, en plus de tous les ruisseaux et rivières – de taille moindre – qui s’y greffent et soutiennent voire augmentent son débit.

En bref, ce sont des particularités directement liées au contexte géographique et climatique qui ont amené à choisir le fleuve Adour pour ce projet Riverine Input.

QUELLE MÉTHODE D’ENQUÊTE ?

Cinq points de prélèvements ont été choisis dans le protocole scientifique. Ils se situent à Campan, Bours-Bazet, Cazères-sur-l’Adour, et Anglet. Ils ont été identifiés pour leur pertinence scientifique et leur commodité et permettent à l’équipe de faire une tournée de prélèvements de déchets en sécurité, dans des zones stratégiques. Ainsi, les points de prélèvements n’ont pas été choisis au hasard : ils se situent dans des zones où une accumulation préférentielle des déchets a été détectée.

Une tournée de prélèvements est effectuée dans la journée, une fois par mois, avec le concours de différents acteurs dont la MIFEN pour le 4ème point de collecte à Anglet. S’en suit la phase de tri des déchets : selon une grille de quantification et d’identification des déchets créée pour cette étude pilote, les déchets sont triés et regroupés par catégories selon leurs compositions et leurs usages principaux. Ce tri est opéré par l’équipe en charge du projet ainsi que par des bénévoles, la tâche étant fastidieuse : un tri prend environ 15h de temps en moyenne !

C’est une méthode d’enquête qui permettra de comprendre les variations entre les sites de prélèvements, les variations temporelles d’un mois à l’autre. L’objectif à terme de cette méthode d’enquête permettra, selon Cristina Barreau de « remonter aux origines, comprendre les sources de ces déchets et ainsi influencer les décideurs publics en leur proposant des mesures concrètes et adaptées pour lutter contre cette source de pollution. »

Un blog dédié au projet Riverine Input est régulièrement actualisé par des articles, des photos, et des interviews, n’hésitez pas à le visiter pour suivre presque en temps réel cette étude pilote !

Alban Derouet, Rédacteur environnement.