L’Organisation des Nations Unies franchit une étape historique en plaçant l’environnement à un même niveau de préoccupation que la paix, la sécurité, le commerce, la finance ou la santé. L’année 2014 voit l’apparition d’une nouvelle Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement (UNEA) qui s’est réunie du 23 au 27 juin à Nairobi au Kenya, capitale qui est aussi le siège du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Avec des questions liées à l’environnement qui ne sont désormais plus soumises à celles de la finance ou le commerce notamment, l’objectif affiché de cette première session de l’UNEA est d’établir des mesures concrètes mondiales. Achim Steiner, Directeur général du PNUE, lance un appel à la réduction et au recyclage des plastiques. Une direction proposée qu’il est difficile de contredire.
Élaboration de politiques environnementales au plus haut niveau de l’ONU
C’est un évènement qualifié d’historique par l’ONU. Depuis la création en 1945 de cette organisation mondiale qui regroupe la quasi-totalité des États de la planète, cette Assemblée représente « l’organe onusien de plus haut niveau jamais réuni sur l’environnement », selon l’ONU. Cela signifie aussi que l’environnement est devenu une question prioritaire présentant aujourd’hui des préoccupations telles qu’elles ne peuvent plus être soumises à d’autres objectifs.
Cette nouvelle Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement a été créée en mars 2013 lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, dite Rio+20. Elle vient renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement, déjà existant depuis 1972, en plus de reconnaitre l’importance de l’environnement dans la société actuelle
Un but affiché : prendre des mesures concrètes
C’est une étape importante qui est franchie avec cette UNEA, qui vient réifier le paradigme du Développement Durable. Les questions relatives aux déchets plastique (macro et micro) ont été largement abordées, ainsi que – c’est un tournant majeur – la réforme portant sur les subventions aux combustibles fossiles.
Deux colloques ont été organisés, portant sur « l’environnement et l’Etat de droit » et « le financement d’une économie verte » ainsi qu’un débat concernant « les objectifs de développement durable et le programme du développement pour l’après 2015 ». L’attention s’est particulièrement portée sur une problématique depuis longtemps mise en avant par Surfrider Foundation Europe, les déchets plastique marins.
Cheval de bataille de Surfrider, les déchets marins représentent un problème qui doit être traité en amont. Un point de vue aujourd’hui repris par Achim Steiner, chef du Programme de l’ONU pour l’environnement : « il faut prendre les mesures appropriées pour empêcher dès le début les déchets plastique de se retrouver dans l’environnement, ce qui se traduit par un seul objectif fort : réduire, réutiliser, recycler. »
Réduire, réutiliser, recycler…et refuser
Cet objectif fort ne se fera que si l’environnement s’aligne avec les autres thématiques principales de l’ONU, et pourrait recevoir plus de moyens : « Sans déverrouiller de financement, l’économie verte n’est que rhétorique », selon Achim Steiner.
Il ajoute que « nous sommes complaisants à propos du plastique et nous ne recyclons pas ». Cette citation fait suite à la publication du rapport de la PNUE alarmant sur la menace que font peser les déchets plastique sur les organismes marins composant nos océans.
Environ 200 tonnes de déchets plastique sont rejetées par seconde dans les océans. C’est une menace sérieuse pour la vie marine, et l’ONU estime de son côté que ce rejet cause 13 milliards de dollars de dégâts. « Les matières plastiques jouent un rôle crucial dans la vie moderne mais les impacts environnementaux de la façon dont nous les utilisons ne peuvent être ignorés » clame Achim Steiner.
Aujourd’hui, les déchets plastiques menacent sérieusement les océans et leurs habitats. Une attention toute particulière est portée sur les micro-déchets, un rapport du PNUE expliquant que des fragments de plastique ont été retrouvés jusque dans les glaces polaires et qu’ils « endommagent les habitats naturels essentiels tels que les récifs coralliens ».
Le PNUE rejoint Surfrider en reconnaissant officiellement que les conséquences croissantes des micro-plastiques sont particulièrement inquiétantes. Le PNUE poursuit dans son rapport : « leur ingestion a été constatée à grande échelle dans les organismes marins, notamment les oiseaux, les poissons, les moules, les vers et le zooplancton devenant au final une source de produits chimiques dans notre nourriture ». Beaucoup de déchets se forment aussi en « continents de plastique », par la force des courants et de leurs convergences (gyres).
Cette nouvelle Assemblée a réuni 1200 délégués et représentants de gouvernements d’environ 160 États, aidés par des experts de haut niveau. Cette nouvelle UNEA se réunira tous les deux ans, l’objectif étant de recommander des projets de résolution à l’Assemblée générale de l’ONU. Cette première session de l’UNEA devrait aboutir à une « série de décisions qui coucheront sur le papier des mesures concrètes » selon l’ONU.
Alban Derouet, Rédacteur environnement.
Sources: AFP; UNEP; Twitter; Le Monde.