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Economie circulaire, croissance verte: l’Europe a-t-elle fait les bons choix ?

Le changement c’est maintenant ? Et si c’était vrai ? Au cours des derniers mois, la problématique des déchets marins et plus particulièrement des sacs plastique a été de nombreuses fois au coeur de débats et ambitions française et européenne. C’est certainement en France que le plus grand pas a été franchi avec le vote d’un amendement prévoyant l’interdiction des sacs plastique à usage unique à partir du 1er janvier 2016. Une prise de conscience se diffuse un peu partout au niveau mondial; un exemple fort, l’ONU affirmait fin juin à Nairobi que l’environnement serait traité au même titre que la santé ou la paix. Enfin, début juillet, l’Union Européenne faisait un pas de plus dans cette direction proposant une révision d’un ensemble de textes européens sur les déchets.

Révision du « paquet déchet » : une avancée mais peut mieux faire

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Espace Leopold – Bruxelles. (Photo: Alina Zienowicz – Wikicommons)

Le 2 juillet 2014, l’Union Européenne a présenté ses propositions pour « faciliter la transition vers une économie circulaire garante de nouveaux emplois et d’une croissance durable » amendant ainsi 6  directives sur les déchets.

Les déchets représentent aujourd’hui un avantage économique certain pour l’UE en permettant notamment la création d’emploi, mais présentent des enjeux environnementaux qu’on ne peut plus aujourd’hui ignorer tels les gaz à effet de serre.

Dans les objectifs de cette révision, on retrouve la mise en oeuvre de la hiérarchie des déchets, la réduction de la production de déchets, un recyclage de haute qualité ou encore le recours aux  déchets recyclés comme matières premières.

Des ambitions revues à la baisse

L’UE évoque une réduction des déchets marins de 30% à horizon 2020, un objectif « aspirationnel » qui n’est donc pas contraignant et n’impose rien aux États membres pour le mettre en oeuvre. Un objectif peu ambitieux face au 50% de réduction qu’appelle de ses voeux Surfrider aux côtés de l’ensemble des ONG de protection du milieu marin européennes.

Le trio « prévention, réutilisation, déchets aquatiques » laissé de côté

Si les ambitions sont fortes et louables au sujet du recyclage, il est cependant regrettable que l’accent ne soit pas plus mis sur la prévention et la réutilisation qui devrait pour nous être au sommet de la « hiérarchie des déchets ». Enfin, si l’UE parle de limiter la mise en décharge des déchets, peu de choses sont ici mentionnées pour limiter l’incinération des déchets.

C’est pourquoi, après avoir fait valoir sa position lors de la Green Week aux côtés d’autres ONG (retrouvez ici les 10 demandes des ONG), Surfrider entend bien continuer son lobbying auprès des députés et des États membres pour amender et améliorer cette proposition de révision.

Changer nos modes de consommation et de production

La question est alors qui est responsable ? Trop souvent la faute est portée sur le consommateur mais pourtant une prise de conscience réelle s’est opérée au cours des dernières années. A l’heure où le terme d’écocitoyenneté est presque devenu un pléonasme tant faire attention à notre environnement est devenu une évidence, le consommateur peut-il à lui seul être tenu comme responsable ?

Dans une étude* menée par l’UE intitulée « L’attitude des Européens vis-à-vis de la gestion des déchets et l’utilisation efficace des ressources » il est ressorti deux points : une nécessaire meilleure information du grand public et prise d’initiatives par les entreprises.


L’environnement s’étouffe, laissons-lui reprendre sa respiration (© Photo: Surfrider Foundation Europe)

 

Tous responsables : de l’industriel au consommateur

Certes nous consommons beaucoup (trop) mais qui produit en masse ? Certains industriels auront comme argument qu’ils répondent à la demande des consommateurs mais pourtant il semble clair aujourd’hui que le citoyen semble vouloir consommer moins et mieux. Les industriels doivent donc s’adapter à ce changement de consommation et produire autrement. C’est l’avis de 96% des personnes interrogées qui conviennent  « que les entreprises devraient prendre davantage d’initiatives pour limiter les déchets plastiques ».

Informer le consommateur

Savoir si tel ou tel produit est recyclable ou non peut parfois se révéler compliqué. Sans parler des matériaux dits biodégradables qui peuvent laisser penser au consommateur que son choix est le meilleur mais qui au final n’est pas optimal, loin de là, puisque ces matières biodégradables ne peuvent se décomposer qu’en suivant des processus complexes à savoir un compostage industriel. Comment le consommateur peut-il alors opérer le bon choix ?

71% des personnes sondées dans cette étude estiment « que le fait de savoir que leurs déchets sont recyclés les inciterait à recourir davantage au tri ». Dans la même lignée, 96% estiment « qu’il convient de mieux informer sur les matières plastiques non recyclables ».

Cette information est essentielle pour le consommateur qui peut alors porter son choix sur un produit ayant le moins d’impact sur l’environnement.

*enquête réalisée entre le 3 et le 7 décembre 2013  dans 28 Etats membres de l’Union Européenne sur 26 596 personnes.

Emilie Chavaroche, Rédactrice environnement.

Photo à la une: Kevin B. (Wikicommons)