L’océan est le réceptacle de l’ensemble des pollutions. Ces dernières reflètent nos modes de vie et de consommation. Depuis des décennies maintenant et l’essor des technologies, des milliers de substances et produits chimiques ont été mis sur le marché, produits à grande échelle et rejetés dans le milieu. Cette pollution a différentes origines : industrielles, urbaines, agricoles, domestiques, etc. et se traduit par la présence de polluants types métaux lourds, phtalates, hydrocarbures, et pesticides. L’usage de ces derniers a augmenté de 25% au cours de la dernière décennie, impactant in fine la qualité de l’eau.
Des champs à l’océan: le parcours impactant des pesticides
L’utilisation des pesticides de synthèse débutent dans les années 1930 et n’a pas cessé d’augmenter de façon exponentielle depuis. Il est important de comprendre que ce terme générique regroupe à la fois, les herbicides, les insecticides et les fongicides, chargés de s’attaquer respectivement aux « mauvaises herbes”, aux insectes dits ravageurs et aux champignons. Dans un souci d’efficacité et de simplicité, ils ont largement été utilisés dans le domaine agricole ainsi qu’en usage domestique.
Sur la décennie, les données scientifiques montrent une augmentation de 25% dans l’utilisation de pesticides. Ce comportement va totalement à l’encontre des objectifs fixés par les différents plans Ecophyto, visant une réduction de 25% d’ici 2020.
Alors, comment l’utilisation de pesticides dégrade-t-elle la qualité environnementale et sanitaire de l’océan ? Eau de pluie, cours d’eau, nappes phréatiques et océan : la molécule d’eau est présente partout. Vecteur de pollution, celle-ci peut véhiculer les substances chimiques qu’elle rencontre, dont les pesticides. Ainsi, les résidus de produits phytosanitaires retrouvés dans l’océan ont été principalement transportés par les cours d’eau en provenance des terres. Ces mêmes cours d’eau, avant de gagner l’océan, ont été pollués par le ruissellement des pesticides, non dégradés et/ou absorbés par le sol. Même à de faibles concentrations, certains pesticides ont des effets négatifs et un impact non négligeable sur l’environnement. Dans le cadre des différentes directives européennes sur l’eau, ce paramètre chimique est largement surveillé puisqu’il peut perturber le plancton, modifier l’équilibre naturel et constituer un perturbateur endocrinien. L’imperméabilisation des sols ainsi que nos modes de consommation et de déplacement conduisent à une augmentation significative des polluants dans l’environnement.
Directive des eaux de baignade : pour un contrôle des substances chimiques dans la réglementation
Face à la présence de substances chimiques dans l’océan, Surfrider Europe a développé un réseau de surveillance de certaines substances chimiques afin de les caractériser dans le milieu. Dès lors, nous militons pour que la directive des eaux de baignade soit complétée dans le cadre de la révision à venir.
A l’heure actuelle, les résidus de pesticides dans l’océan sont uniquement contrôlés par rapport aux risques environnementaux qu’ils représentent. Ils ne doivent ainsi pas dépasser les seuils des normes de qualités environnementales (NQE) établies. Cependant, rien n’est contrôlé au niveau sanitaire, si ce n’est au niveau de la consommation de l’eau . En effet, l’eau est seulement contrôlée dans le but de détecter la présence de bactéries d’origine fécale. Dès lors, chacun peut encore se baigner dans une eau polluée chimiquement, notamment par les pesticides. Dans le cadre de la réflexion pour la nouvelle directive européenne sur la qualité des eaux de baignade, Surfrider Europe souhaite que le protocole de contrôle des eaux soit élargi afin de prendre en compte la présence de substances chimiques dans le milieu.
La demande émane également des citoyens eux-mêmes comme en témoigne le sondage que nous avions réalisé en 2019. La majorité des sondés souhaite que les paramètres chimiques soient surveillés et qu’une information liée aux risques sanitaires associés soit diffusée.
Réduire la pollution chimique à la source
Au-delà d’une directive des eaux de baignade élargie afin de mieux contrôler la qualité sanitaire de l’eau, c’est également à la source de la pollution chimique qu’il convient d’intervenir.
Dans le milieu agricole, des alternatives existent pour réduire voire arrêter l’utilisation de pesticides. C’est le cas de méthodes davantage raisonnées comme le biologique ou la biodynamie. Une gestion différenciée des terres peut également être envisagée avec un retour au bocage (par opposition à l’openfield répandu en France) afin de retenir et d’absorber les pesticides avant qu’ils ne gagnent les cours d’eau. Le changement peut également être impulsé par chacun. En effet, chaque citoyen peut “décider d’arrêter d’utiliser des produits phytosanitaires toxiques afin de préserver la ressource en eau et la qualité de ses sols. Des méthodes naturelles de traitement existent, n’hésitez pas à vous renseigner et à vous inspirer d’exemples près de chez vous.