Afin d’influer sur la nouvelle restriction européenne envisagée, Surfrider Europe, en partenariat avec l’agence de communication Ici Barbes, dévoile sa nouvelle campagne contre les microplastiques présents dans de nombreux produits industriels et du quotidien, à l’instar de nos cosmétiques et détergents domestiques. A travers une série d’images choc, elle dénonce l’ajout intentionnel d’ingrédients microplastiques à ces produits qui, en s’accumulant directement dans les milieux naturels, impactent gravement la biodiversité et potentiellement notre santé.
Une campagne choc dénonçant l’impact des cosmétiques et détergents sur l’environnement
À l’insu des consommateurs, un grand nombre de produits – dont des cosmétiques et détergents – contiennent des microplastiques. À cause de ce choix des industriels au sein de l’Union européenne, plus de 42 000 tonnes de microplastiques se retrouvent dans l’environnement chaque année. Présents sous forme de particules souvent invisibles à l’œil nu, ils sont si petits qu’ils ne sont pas filtrés ou finissent, par d’autres voies, dans les cours d’eau et l’océan. Ces microplastiques se concentrent donc, chaque jour un peu plus, dans les milieux naturels, rendant la pollution incontrôlable et impactant sévèrement la santé marine et, sans doute, humaine. Une récente étude a même prouvé leur présence dans le placenta !
Tournant décisif à l’UE
Cette campagne est réalisée à un moment crucial : sa diffusion intervient en prévision de la remise imminente de la proposition de l’Agence européenne des Produits Chimiques (ECHA) relatif à l’interdiction des ingrédients microplastiques ajoutés intentionnellement dans les produits. Après deux ans d’examen, l’ECHA remet à la Commission européenne, ses propositions de modification du REACH, un règlement européen visant à protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques.
L’enjeu est considérable puisque, à travers cette proposition, l’ECHA se prononce sur un large panel de produits composés de microplastiques ajoutés, impliquant de nombreux secteurs industriels : cosmétiques, produits nettoyants, détergents, peinture, terrains de sport synthétiques…
Une bataille engagée contre les lobbies industriels
Bien que les dangers des microplastiques aient été largement prouvés, nous craignons que les lobbies industriels n’obtiennent davantage de dérogations. En effet, leurs fortes pressions en coulisses auprès des comités d’ECHA ont déjà fait reculer, sur certains points, les propositions initiales de l’agence et risquent de peser sur les futures décisions de la Commission européenne.
Ainsi, par exemple, ils ont déjà essayé de repousser de plusieurs années l’interdiction des microplastiques ajoutés dans certains types de cosmétiques qui devraient être bannis sans délai ; d’autoriser l’utilisation de microplastiques les plus petits -les nanoplastiques inférieurs à 100 nanomètres – bien que les risques associés à leur utilisation soient accrus ; d’autoriser le remplacement des microplastiques par des microplastiques dits “biodégradables”, tout aussi nocifs pour la santé humaine et celle de l’Océan.
Pour être pleinement un succès, la restriction doit être ambitieuse
Dès lors, si nous soutenons pleinement la volonté de l’UE d’adopter des mesures de restrictions contre les microplastiques ajoutés dans les produits, nous regrettons qu’elles puissent s’accompagner de dérogations injustifiées. Dans le cas où ces dérogations ne seraient pas abandonnées par la Commission européenne, l’efficacité de la restriction européenne serait nécessairement réduite et la pression des microplastiques sur les écosystèmes continuerait de s’accroître dans les années à venir.
Les impacts des microplastiques sur l’environnement, notre économie et les risques qu’ils présentent pour notre santé sont encore trop peu étudiés et, sans aucun doute, largement sous-évalués. Mais ce que nous savons déjà doit nous pousser urgemment à l’action. Les microplastiques ne sont pas indispensables à la composition des produits, notamment cosmétiques et nettoyants. Des alternatives existent déjà et leur plébiscite prouve que les consommateurs sont prêts à changer de modèle. Au tour des industriels d’en faire autant et aux institutions de les obliger à prendre ce virage !