Chaque année, Surfrider publie un bilan environnemental des déchets aquatiques collectés dans le cadre de ses actions de science participative.
Plus qu’un simple rapport, ce document fournit des données essentielles pour mettre en lumière la pollution par les déchets, le plus souvent d’origine plastique, mais aussi et surtout pour sensibiliser les citoyens, interpeller les décideurs et orienter les politiques publiques sur la gestion des déchets.
Des collectes encadrées et scientifiquement exploitables
Les données analysées dans ce bilan proviennent de collectes réalisées par des bénévoles et des citoyens engagés dans divers programmes :
– Les Initiatives Océanes, des collectes de déchets organisées par et avec des citoyen.nes bénévoles engagé.es dans la science participative et désireux.ses de faire bouger les choses,
– Les collectes OSPAR reposent sur un protocole scientifique très précis, permettant le suivi rigoureux d’une zone bien définie, réalisé par des bénévoles formés à l’identification des déchets,
– Le projet OSPARITO, inspiré du protocole OSPAR, le projet OSPARITO repose sur des actions de collectes et de quantification de déchets menées par des enfants en milieu scolaire et en centre de loisir,
– Le projet Plastic Origins, des collectes réalisées en rivière par des citoyens, dans le but d’identifier les différents types de pollution situés en amont de l’Océan.
– Le projet Biomédias, basé sur les témoignages des citoyens volontaires qui partagent, avec Surfrider, leurs observations à propos des biomédias retrouvés dans l’environnement.
Le but de chaque action de collecte ne se limite pas à ramasser des déchets : en plus de faire prendre conscience de l’ampleur de la pollution et des potentielles sources de celles-ci, elle vise à quantifier, trier et analyser les déchets collectés pour alimenter une base de données utilisée par des institutions publiques, des laboratoires de recherche et des bureaux d’études. Ce travail de classification et de suivi permet une meilleure compréhension des tendances et des sources de pollution.
Un bilan 2024 marquant
Cette année, plus de 1000 collectes avec quantification ont été réalisées, permettant d’identifier près de 1 300 000 déchets sur une distance cumulée de 582 km.
Ces chiffres témoignent de l’ampleur du problème et de l’omniprésence des déchets dans nos milieux aquatiques.
Le top 10 des déchets les plus retrouvés
1. Les mégots de cigarette : Plus de 300 000 mégots ont été collectés, confirmant ainsi la 1ere place de ce déchet toxique et extrêmement polluant dans notre classement.
Pour rappel : un seul mégot peut contaminer jusqu’à 1 000 litres d’eau.
2. Les fragments de plastique non identifiables : Provoqués par la dégradation des objets en plastique, tels que les bouteilles, les sacs, les emballages etc., sous l’effet du sel et des UV, les fragments de plastique sont présents en quantité impressionnante.
3. Les fragments de polystyrène : Le polystyrène est un matériau extrêmement légers qui s’envolent facilement mais surtout, s’effritent en milliers de particules lorsqu’il se retrouve dans l’environnement, et plus particulièrement dans l’Océan.
4. Les filets et cordes de pêche abandonnés : Fabriqués en plastique, ils contribuent à la pollution marine et aux prises accidentelles d’animaux lorsqu’ils sont abandonnés, perdus ou cassés en mer,
5. Les bouchons en plastique : La quantité inquiétante de bouchons en plastique se retrouvant dans l’environnement a notamment motivé la mise en place de l’obligation pour les industriels de proposer des bouchons solidaires (attachés au corps du récipient) en juillet 2024.
6. Les capsules métalliques : Issues des canettes et bouteilles, elles sont omniprésentes sur les plages.
7. Les morceaux de verre : D’origine majoritairement anthropique, ils résultent de la fragmentation des bouteilles jetées.
8. Les sacs plastiques : Toujours présents malgré les interdictions, de nombreux sacs plastiques finissent leur course dans l’Océan.
9. et 10 ! Les emballages alimentaires : Il s’agit là des contenants plastiques, et des emballages et suremballages à usage unique (emballages de snacks et de sucrerie).
Un appel à la réduction des déchets à la source
Les résultats de ce bilan confirment la tendance observée depuis plusieurs années déjà : les déchets plastiques et à usage unique sont omniprésents dans l’environnement, et plus particulièrement sur les plages et dans l’Océan et si des mesures réglementaires existent, elles restent insuffisantes pour endiguer cette pollution.
Pour faire face à ce fléau que représente le plastique et limiter son impact sur les écosystèmes aquatiques, l’adoption de solutions alternatives, la mise en place de systèmes de consigne et la sensibilisation des consommateurs doivent s’intensifier.
C’est pour cette raison que Surfrider, en s’appuyant notamment sur ce bilan, continue d’alerter, de sensibiliser et de mobiliser tous les acteurs, du consommateur aux députés européens, pour faire évoluer les comportements et demander que soient prises des mesures concrètes et ambitieuses pour limiter le plastique.