Depuis le 21 octobre dernier, Eric Morbo est le nouveau directeur général de Surfrider Foundation. Il succède à Florent Marcoux qui a lui même passé 11 ans à ce poste. Pour l’occasion, et faire plus ample connaissance, nous lui avons posé quelques questions…
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
E.M – Je m’appelle Eric Morbo, j’ai 44 ans et je suis originaire de la région de Grenoble (Alpes). Je suis ingénieur en environnement de formation et j’ai toujours été très engagé pour la cause environnementale. C’est d’ailleurs en partie ce qui a motivé ce choix de poursuite de carrière au sein de Surfrider !
Quel est ton parcours ?
E.M – J’ai un parcours assez « atypique ». Avant de rejoindre Surfrider j’ai travaillé durant 5 ans à La Réunion pour le ministère de l’intérieur et des Outre-Mer mis à disposition de la collectivité des Terres Australes Antarctiques Françaises (TAAF). Il s’agit d’une collectivité qui dispose d’un statut un peu particulier. Cette administration gère toutes les terres qui sont situées dans la partie sud de l’océan Indien, les îles Subantarctiques : les archipels de Crozet et de Kerguelen et les îles Saint-Paul et Amsterdam ; l’Antarctique : la terre Adélie ; les îles Eparses (Europa, Bassa de India, Juan de Nova, Glorieuses, Tromelin) situées dans le canal du Mozambique. J’avais la charge de la direction des services techniques et je coordonnais l’ensemble des activités opérationnelles (logistique, infrastructures, véhicules et engins, production d’eau et d’énergie, alimentation, gestion des déchets, télécommunication…). Nous avions également la charge de mettre en œuvre et déployer une politique de transition écologique pour les TAAF (Plan Climat Air Energie Territoire).
Avant ma mission dans les TAAF, je suis resté 6 ans à la direction des services techniques de la métropole Grenoble-Alpes. J’étais directeur de la gestion des déchets de tout le bassin de vie grenoblois. Et avant cette expérience, j’ai été directeur d’un syndicat interdépartemental de traitement des déchets en Drôme Ardèche.
Quel est ton rapport à l’Océan ? (pratiques-tu un sport ou une activité nautique ?)
E.M – J’ai toujours été très attiré par les milieux reculés et les grands espaces sauvages, que ce soit les milieux montagnards (où j’ai grandi), les milieux polaires (que j’ai pu parcourir comme guide d’expédition) ou le grand bleu de l’océan. Au cours de mon parcours professionnel, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de vivre sur des îles, au bord de l’océan. J’ai commencé par une année aux îles Canaries en 2001 lorsque j’étais en école d’ingénieur, quelques années plus tard, en 2006 j’ai vécu une année en Guadeloupe pour réaliser un VIE, puis en 2013, je suis partie pour un hivernage d’une année sur l’île d’Amsterdam, lors d’une première mission dans les TAAF. Amsterdam est une île incroyable, 58km² battue par les vents et les fortes houles de l’océan austral, il s’agit de l’île la plus éloignée de tout continent, située à équidistance de l’Antarctique, l’Australie et de l’Afrique du Sud. Enfin, dernièrement, j’ai passé 5 années sur l’île de La Réunion, j’habitais au bord de l’Océan dans lequel j’allais me baigner tous les jours ! Je faisais aussi beaucoup de pêche en mer et de sorties en kayak . Bref, tout ça pour dire que j’ai toujours été à la fois attiré et très proche de l’Océan.
L’Océan est pour moi un lieu d’inspiration, d’immensité, de pureté. Je trouve incroyable que l’on connaisse aujourd’hui mieux la surface de notre satellite le plus proche que la diversité des océans de notre propre planète.
Pourquoi avoir eu envie de rejoindre Surfrider Foundation ?
E.M – Lorsque j’étais en poste sur l’île de La Réunion, je me rendais plusieurs fois par an sur les territoires des TAAF. Pour s’y rendre c’est 4 semaines de mer, au cœur d’un des océans les plus sauvage et difficile de la planète. J’ai eu la chance de parcourir ces territoires subantarctiques et arctiques à de nombreuses reprises, comme les îles paradisiaques du canal du Mozambique, et j’ai toujours été frappé de constater, sur ces terres pourtant tellement éloignées des activités humaines, les traces de la pollution anthropique globale (résidus de plastiques, de textiles, d’activités de pêches) comme celles des impacts du réchauffement climatique (fonte des glaces et évolutions rapides des écosystèmes dans les pôles ; élévation du niveau marin et érosion du trait de côte dans les îles tropicales du Mozambique).
Ces impacts majeurs, constatés sur de tels territoires sauvages et reculés (derniers sanctuaires de biodiversité), démontrent la gravité de la situation à l’échelle planétaire.
Une situation qui peut être perçue comme déprimante, mais aussi motivante et nécessitant une plus forte mobilisation. Et c’est en partie ce qui a motivé mon désir de rejoindre Surfrider ! Je me dis aujourd’hui qu’il faut rapidement passer à autre chose, à un autre modèle. Peut-être être plus incisif, plus visible, plus convainquant auprès des pouvoirs publics, des législateurs, et de faire bouger les choses au sein de la société civiles.
J’ai toujours été sensible à ces problématiques et là, le fait de passer “de l’autre côté”, de quitter le service public pour Surfrider, c’est un prisme nouveau pour moi, c’est un vrai challenge.
Connaissais-tu déjà l’association avant ?
E.M – J’ai découvert Surfrider il y a assez longtemps à vrai dire, à l’époque des fameux pavillons noirs sur les plages qui visaient à sensibiliser à la pollution de l’eau ! Mais je ne m’en suis rappelé que récemment et surtout, je dois bien le dire, je crois que je ne savais pas que c’était Surfrider sur le moment !
Avant de répondre à l’offre proposée par Surfrider, j’ai fait quelques recherches et je suis retombée sur cette campagne que j’avais vu de nombreuses années auparavant. Donc je connaissais sans même m’en rappeler !
Quelles vont être tes premières missions ?
E.M – Il va déjà falloir que je “rentre” bien dans les différents sujets, que je comprenne bien l’organisation, les fonctionnements, que je rencontre les partenaires, les entités, les collaborateurs, les antennes etc. ! Parce qu’il existe beaucoup de projets, beaucoup d’actions menées à Surfrider, dont il va falloir que je m’en imprègne, notamment de la ligne politique et les orientations globales.
Mon rôle dans un premier temps va être d’assurer une continuité sur les projets lancés et d’entretenir la dynamique. Je pense que d’ici quelques mois j’aurais acquis un meilleur recul sur l’organisation, et que je serai en mesure de mieux identifier les forces et faiblesse du fonctionnement actuel, et de proposer des pistes d’amélioration à partager et travailler ensemble.
Il va y avoir aussi la rédaction du nouveau plan stratégique, pour 2026-2030 ! C’est un document important et un travail structurant pour l’ONG qui nous permettra de nous doter d’une nouvelle vision avec des objectifs partagés, mesurables et atteignables qu’il nous faudra décliner et piloter via des plans d’action.
Je pense qu’il y a aussi un enjeu sur la dimension européenne de la structure, il faut voir comment cela pourra se renforcer et se professionnaliser … Bref beaucoup de choses !