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Microplastiques : sept questions sur cette pollution invisible mais dangereuse

Dans l’Océan, au sommet des Alpes, dans le maquillage… Les microplastiques sont partout. Quelles sont leurs conséquences sur la santé et l’environnement, comment les éviter, et que fait Surfrider pour les interdire ? Lisez cet article pour faire le tour de la question.

1. D’où viennent les microplastiques ?

Les microplastiques mesurent jusqu’à cinq millimètres de diamètre et ils sont partout : dans le maquillage, l’eau, les fruits et légumes….

Ces toutes petites particules ont envahi l’Océan, les mers, les neiges Arctiques, le sommet des Alpes, tout comme l’air que nous respirons. Des microplastiques ont même été retrouvés dans des organes humains, comme le placenta ou sur les parois des vaisseaux sanguins.
À l’origine de cette pollution : les déchets plastiques en décomposition (mégots, textiles, emballages alimentaires…), certains rejets industriels (accidentels ou non), sans oublier les cosmétiques, détergents et engrais.

Reour mieux comprendre les vecteurs de pollution aux microplastiques, (re)découvrir cette vidéo : Pollution Plastique des Océans – Les Microplastiques – La Pollution Invisible

2. Quelle est l’ampleur du problème ?

Il est difficile de mesurer l’ampleur exacte du problème, mais les scientifiques multiplient les recherches pour tenter d’y voir plus clair.
On sait ainsi qu’un être humain ingérerait et respirerait en moyenne environ 50 000 particules microplastique par an, grâce à une étude parue en 2019 dans la revue Environmental Science & Technology. Une autre, publiée dans la revue scientifique Plos One, estime qu’environ 2,3 millions de tonnes de microplastiques flottaient dans l’Océan la même année.

3. Quel est le problème avec les produits d’hygiène et les cosmétiques ?

Le plastique est rarement mis en avant dans la composition des produits cosmétiques. Les fabricants préfèrent afficher leurs propriétés dites “végétales” : ainsi, certains shampoings affichent leur doux parfum à la vanille “naturelle”, sans préciser qu’ils contiennent 90% d’eau, de tensio-actifs industriels moussants et… des silicones. De même pour les mascaras bourrés de polyéthylène.
De fait, de nombreux fabricants de cosmétiques raffolent des microplastiques, auxquels ils ont recours pour obtenir une texture, un parfum ou une couleur. Mais ils vont devoir apprendre à s’en passer progressivement, en raison des nouvelles réglementations adoptées par la Commission européenne (on vous explique tout dans la réponse à la question : “Où en est l’interdiction des microplastiques en Europe ?”).
En attendant, le problème est d’autant plus grave que ces microplastiques sont appliqués directement sur notre peau et gagnent les canalisations lorsque nous nous douchons avant d’arriver dans les stations d’épuration. Mais ils sont si infimes qu’ils ne sont pas, ou peu, filtrées et finissent leur course dans l’Océan.

4. Quels sont les dangers des microplastiques pour l’Océan et pour notre santé ?

Lorsqu’ils sont ingérés par les oiseaux, les poissons, les mammifères et les végétaux marins, les microplastiques ont de nombreuses répercussions toxiques, comme le rappelle cet article du programme de l’Onu pour l’environnement, le PNUE. Des huîtres ayant ingéré des microplastiques ont ainsi vu leur nutrition et leurs facultés de se reproduire perturbées, selon des recherches menées par l’Ifremer.
En ce qui concerne la santé humaine, les dangers des microplastiques ne sont pas encore bien connus. Un rapport publié par le PNUE en 2021 alerte toutefois sur le fait que les substances chimiques présentes dans les microplastiques « sont associées à de graves répercussions sur la santé, en particulier chez les femmes » : des changements concernant l’expression des gènes humains, le développement cérébral et la fréquence respiratoire, entre autres.

5. Comment éviter de s’exposer aux microplastiques ?

Parce que l’habit ne fait pas le moine, les packagings épurés et les slogans écolos ne garantissent en rien un produit sans microplastiques. Alors, voici quelques indices pour les repérer lors de vos futurs achats.
D’abord, évitez les produits aux formules contenant des terminaisons en –one ou –oxane, des grosses lettres type PPG et PEG, des poly- et des -cellulose. Ensuite, vous pouvez vous fier aux produits ayant la mention Slow cosmétique, du nom de cette même association militant pour une interdiction totale des plastiques dans la cosmétique. Également, des applications, comme Beat the microbead, vous aide à y voir plus clair.
Enfin, parce que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, vous pouvez apprendre à faire votre propre baume à lèvre et shampoing solide garanti sans microplastiques sur notre plateforme de formation en ligne, Ocean Campus !

6. Que fait Surfrider pour lutter contre les microplastiques ?

Surfrider Foundation Europe travaille sur la problématique des microplastiques depuis des années avec la coalition Beat the Microbead.
Nous menons également des actions de plaidoyer afin d’influencer les décideurs publics en France et en Europe avec plusieurs autres ONG regroupées au sein de la Rethink Plastic Alliance.

7. Où en est l’interdiction des microplastiques en Europe ?

Le 25 septembre 2023, la Commission européenne a adopté des mesures d’interdiction de mise sur le marché de certains des produits qui contiennent des microplastiques.
Concrètement, plusieurs catégories de produits ont été interdites d’emblée à la vente, comme les paillettes libres et les cosmétiques contenant des microbilles exfoliantes. La France était déjà un peu en avance sur ce point, puisqu’elle a déjà interdit les microbilles plastiques dans tous les « produits cosmétiques rincés à usage d’exfoliation ou de nettoyage » depuis 2018.
D’autres produits seront concernés progressivement partout en Europe : c’est le cas notamment des détergents (d’ici 5 ans), des terrains de sport synthétiques (d’ici 8 ans), et d’autres produits cosmétiques (d’ici 4 à 12 ans).

Si nous nous réjouissons de l’adoption de ces mesures, nous aimerions accélérer le mouvement : en douze ans, les microplastiques ont encore le temps de causer énormément de dégâts !