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La pollution plastique : les bouteilles en plastique, un fléau persistant

Chaque année, près de 15 milliards de bouteilles en plastique sont mises sur le marché en France.
Bien que les citoyens soient largement conscients des impacts environnementaux et sanitaires de ces déchets, selon une étude récente de Zero Waste France, le recours massif des entreprises à ces produits continue.
La perception défavorable des bouteilles en plastique reflète le désir croissant de voir les pouvoirs publics et les entreprises limiter leur usage.

Dès leur fabrication, les bouteilles en plastique posent des problèmes écologiques. Produire une seule bouteille nécessite 33 cl de pétrole et 3 L d’eau, des ressources précieuses utilisées pour un produit dont la durée d’utilisation moyenne n’excède que quelques minutes. L’ensemble du cycle de vie des bouteilles génère aussi des émissions de gaz à effet de serre significatives, contribuant ainsi au changement climatique.

Si les bouteilles en plastique représente un véritable fléau pour l’environnement dès la phase de production, elles sont également un problème après leur utilisation, lorsqu’elles se transforment en déchet, ce qui intervient bien souvent après seulement quelques minutes d’utilisation.

Les bouteilles en plastique sont l’un des principaux déchets collectés lors des opérations de ramassage : Selon l’ADEME, en 2022, 217 400 tonnes de bouteilles en plastique ont été collectées, pour 212 000 tonnes l’année précédente. En 2023, lors des collectes organisées dans le cadre des Initiatives Océanes, plus de 30 000 bouchons de bouteille et plus de 17 000 bouteilles toutes contenances confondues ont été ramassées.

En Europe, près de 42 % des bouteilles plastiques ne sont pas recyclées et finissent bien souvent dans les décharges. Ou pire, dans l’Océan, où elles vont mettre entre 100 et 1000 ans à se dégrader, à se fragmenter en micro et nano particules de plastiques qui ne disparaitront jamais vraiment.

Les microplastiques issus des bouteilles polluent non seulement l’Océan, où ils contaminent l’eau et les écosystèmes, mais ils posent aussi des risques pour la santé humaine.

Une étude américaine a révélé la présence de 240 000 particules de plastiques (micro et nanoplastiques) par litre d’eau en bouteille. Ces fragments de plastique représentent un potentiel danger pour la santé car leur taille, 10 à 100 fois plus fins qu’un cheveu, leur permet de pénétrer dans le corps humain : qu’il s’agisse du système sanguin ou des différents organes. Certains composants des bouteilles en plastique peuvent aussi perturber le système hormonal humain tel que le bisphénol A, un composant présent dans certains plastiques, suspecté d’être un perturbateur endocrinien et d’avoir des effets néfastes sur la santé. Une analyse d’Agir pour l’Environnement a par ailleurs montré que sept des neuf marques d’eau les plus vendues en France contiennent des microplastiques, soulevant des questions de santé publique pressantes.

Le système de consigne pour réutilisation repose sur un principe simple mais efficace : donner une valeur à l’emballage pour encourager son retour. Lors de l’achat, une somme est ajoutée au prix du produit, récupérée lorsque l’emballage vide est ramené dans un point de collecte dédié. Cette démarche incitative permet de réduire la présence d’emballages dans l’environnement tout en optimisant leur récupération.

Une fois récupéré, l’emballage peut soit être réemployé, soit recyclé. Dans le cas du réemploi, les contenants sont lavés, stérilisés avant d’être à nouveau remplis et remis en circulation. Il peut alors être réutilisés des dizaines voire des centaines de fois, limitant ainsi la création de déchets. Si l’emballage est destiné au recyclage, il est broyé, fondu et transformé en matière première pour un nouvel usage. Dans les deux cas, le système garantit une circularité qui minimise les déchets et préserve les ressources.

Au début du 20e siècle, la consigne était courante, notamment pour les boissons : bouteilles de verre et autres contenants réutilisables circulaient grâce à des systèmes de livraison et collecte locaux. Cependant, avec l’émergence des supermarchés et du plastique à usage unique dans les années 1950, ce modèle a progressivement disparu. Pourtant, certaines régions comme l’Alsace ont su préserver cette habitude grâce à des initiatives locales. Là-bas, les bouteilles consignées continuent d’être collectées et réutilisées, offrant un exemple inspirant de résilience face à la tendance des emballages jetables.

Remettre en place la consigne pour réutilisation à l’échelle nationale aurait des bénéfices concrets pour l’environnement et l’Océan. Réduire le plastique à usage unique lié à l’utilisation de bouteilles en plastique permettrait de diminuer la quantité de déchets échouant dans la nature et de freiner l’utilisation de ressources non renouvelables comme le pétrole et le gaz. Le retour de la consigne se présente donc comme un levier efficace pour lutter contre la pollution plastique. Ce modèle simple et pratique, s’il est encouragé par les pouvoirs publics, pourrait restaurer des pratiques plus respectueuses de l’environnement et contribuer activement à la préservation de nos écosystèmes marins.

La réglementation européenne sur les plastiques à usage unique encourage les États membres à adopter des systèmes de consigne, fixant des objectifs de collecte des bouteilles en plastique ambitieux : 77 % d’ici 2025 et 90 % d’ici 2029. Cette directive marque un premier pas essentiel vers la réduction des déchets plastiques et s’accompagne d’une révision plus large de la législation sur les emballages.

Dans cette nouvelle proposition, la Commission Européenne vise l’harmonisation des règles de mise sur le marché, pour que tous les emballages soient recyclables ou réutilisables d’ici 2030. En particulier, elle impose une consigne obligatoire pour les bouteilles en plastique et les canettes d’ici 2029, avec des objectifs spécifiques de réemploi pour divers contenants de boissons et d’aliments, notamment dans la vente à emporter. En soutenant les systèmes de réemploi et de recharge, cette réglementation vise à réduire drastiquement les emballages à usage unique, un enjeu que nous abordons dans nos recommandations : « Que peut faire l’UE pour réduire les emballages à usage unique et la pollution plastique dans le secteur de la restauration ? »