Agir contre les pressions anthropiques qui menacent les océans et les littoraux, telle est la mission des Coastal Defenders, communauté de bénévoles Surfrider engagés sur le terrain. Notre antenne de Porto doit aujourd’hui faire face à un chantier dont les conséquences pourraient bien être aussi désastreuses pour l’environnement que pour l’homme.
Un projet d’aménagement controversé
Située dans la région nord du Portugal, la ville côtière de Matosinhos est depuis le début de l’année le théâtre d’un important mouvement de contestation citoyenne. En cause, un projet d’agrandissement du port maritime qui risque de dégrader de manière irréversible un espace littoral déjà fragilisé.
Le projet conduit par l’Administration portuaire locale (l’APDL) entend prolonger de 300 mètres la digue du port de Leixões. Faisant ainsi office de brise-lames, cette infrastructure empêchera définitivement le déferlement des vagues sur la plage de Matosinhos.
Mais c’est aussi la santé de tous les usagers de la plage qui se verra affectée par ce projet. La qualité des eaux littorales étant déjà relativement mauvaise, l’absence de houle devrait en plus entrainer une stagnation de la pollution actuelle et accroitre la dégradation des écosystèmes de la zone.
Aggraver une situation déjà critique
L’état impropre des eaux littorales de la région a en effet déjà pu être constaté à de multiples reprises grâce aux analyses scientifiques menées par l’antenne Surfrider de Porto. A travers le projet Surf and Clean Water et plusieurs collectes d’échantillons, les bénévoles de l’association sont parvenus à mettre en lumière une pollution à la fois organique, inorganique et microbiologique de la plage de Matosinhos.
Ont notamment pu être observés des niveaux élevés d’Escherichia coli et d’Entérocoques intestinaux, deux agents potentiellement pathogènes généralement issus des matières fécales. Rien d’étonnant à cela puisque l’étude du site a permis d’identifier comme principal responsable de cette pollution, le déversement dans l’océan d’eaux usées non traitées, par certains cours d’eau et station d’épuration alentours.
Surfrider en première ligne
Une eau polluée qui serait dans l’incapacité de se renouveler et un spot de surf condamné, c’est pour résumer ce qui attend les habitants de Matosinhos si le projet d’aménagement venait à se réaliser. Il était donc évident pour Surfrider Foundation Europe et ses bénévoles de s’engager aux côtés des nombreux acteurs locaux inquiétés par la menace d’un littoral défiguré.
Afin de contester le projet tel qu’il est à ce jour annoncé, une pétition a été lancée comptant actuellement 6 500 signatures. Nous demandons la suspension immédiate du projet de brise-lames, compte tenu des défauts de l’étude d’impact sur l’environnement qui a été réalisée en amont.
La pétition pourra aussi se targuer d’une forte mobilisation des citoyens contre l’extension du port. Une manifestation réunissant près de 700 personnes s’est déroulée le 7 avril 2019 sur la plage de Matosinhos et une marche suivie par plus de 1 500 personnes a là aussi été l’occasion d’exprimer le mécontentement populaire que suscite un tel projet.
Destiné à être prochainement présenté devant l’Assemblée de la République portugaise, le texte s’accompagnera d’une preuve matérielle, symbole fort de cette contestation : une planche de surf signée par des personnalités importantes désireuses de se joindre au combat avec des athlètes, des représentants locaux, des chefs d’entreprise et des représentants d’ONG impliquées.