Construire un mur sur une plage irlandaise dans le but de protéger un terrain de golf de l’érosion : c’était le projet, à contre-courant de la protection de l’environnement, de Donald Trump. Depuis 2016, Surfrider Europe, en coalition avec les associations locales Friends of Irish Environment et internationales Save the Waves, militait contre ce projet. En 2018, un dossier comprenant toutes les preuves scientifiques a été portée à la commission d’appel de l’urbanisme. Deux ans plus tard, elle a rendu son verdict, refusant de délivrer un permis de construire au Trump International Golf Links & Hotel.
Un projet de mur de 2,8 km de long et de plus de 5 mètres de haut
En 2016, Donald Trump demande l’autorisation de construire un mur, de 2.8 km de long et plus de 5m de haut, sur une plage irlandaise dans le but de protéger son parcours de golf. En effet, le parcours s’étend le long de la plage de Doughmore où l’érosion grignote les dunes voisines et menace certains trous du parcours. Un mur de 200 000 tonnes de roche entre la plage et les dunes est envisagé. Mais, le parcours de golf est construit le long d’un système de dunes de sable pittoresque, le Carrowmore Dunes, un trésor écologique qualifié de “zone spéciale de conservation” par la directive “Habitats spéciaux” de l’Union Européenne. Alors, construire cette digue perturberait le processus naturel et conduirait, à termes, à la disparition des dunes. L’impact serait également négatif sur la faune de l’écosystème des dunes : ce sont plus de 125 000 mètres carrés de dunes primaires qui sont menacés.
Face aux critiques, en décembre 2017, le Trump International Golf Links & Hotel propose de construire une “défense côtière”, constituée de planche métalliques et d’un blindage de roche dissimulées sur 650 mètres à une extrémité et 250 mètres à l’autre. Le conseil du comté de Clare annonce alors son approbation.
Un dossier porté à la Commission d’appel de l’urbanisme
En janvier 2018, Save the Waves, dont l’antenne de Lahinch de Surfrider Europe, décide de faire appel de la décision devant la Commission d’appel de l’urbanisme. En effet, le projet du Trump International Golf Links & Hotel propose de contenir l’érosion mais risque davantage, par les travaux, de l’accentuer, d’autant que la disparition de la plage et du golf est à termes inévitable.
Trent Hodges, responsable des programmes de conservation a déclaré que “des preuves scientifiques accablantes montrent que le blindage du littoral peut augmenter le taux d’érosion et entraîner la perte de plages précieuses”. Les techniques de recul contrôlé et de blindage souple sont beaucoup plus efficaces car ils protègent les infrastructures côtières, ici le golf, tout en gardant les plages intactes.
En mars 2020, après quatre années de combat, le projet du mur de Doughmore a finalement été rejeté par la Commission d’appel de l’urbanisme. Elle a déclaré ne pouvoir accorder de permis de construire car elle n’était pas convaincue que le développement proposé ne porterait pas atteinte à l’intégrité des dunes de Carrowmore, compte tenu des objectifs de conservation du site. Une victoire de plus pour Surfrider Europe dans son combat contre l’artificialisation du littoral.