Skip to main content

Comprendre le méli ‘mélo d’info sur la qualité de l’eau !

En pleine saison estivale, les usagers de la mer portent un intérêt tout particulier à la qualité des eaux littorales. Pour certains, elle peut constituer un critère déterminant pour élire leur destination de vacances. Pour les pays membres de l’Union européenne, elle représente de ce fait un véritable élément de marketing territorial, pouvant influencer l’attractivité touristique. La nature de l’information à fournir aux usagers est réglementée mais la mise en forme ne l’est pas et change d’une collectivité à l’autre. Comment se retrouver dans ce manque d’homogénéité ? Surfrider vous propose quelques éléments de réponse non exhaustifs, pour une meilleure compréhension de l’information.

La Directive Européenne Eaux de Baignade de 2006 [1] impose uniquement le suivi de deux paramètres bactériologiques, Escherichia coli et entérocoques intestinaux. Ces deux bactéries témoignent d’une contamination fécale de la masse d’eau. Naturellement présentes dans le système digestif humain et animal, elles attestent d’une probable présence de d’autres germes pathogènes. Plus la concentration en Escherichia coli et entérocoques intestinaux est élevée, plus le risque sanitaire est important.

Profil de baignade et vulnérabilité des sites

 

Synthèse du profil de baignade des plage du Prophète (Marseille), Loch Guidel (Morbihan) et  Sokoburu à Hendaye (64)

Afin d’assurer la bonne information des usagers, la directive impose l’élaboration de profils de baignade pour l’ensemble des sites. Ces profils de baignade mettent en avant les caractéristiques morphologiques, hydrologiques des plages et le degré de vulnérabilité de la qualité de l’eau face aux risques de pollution. Véritable document d’expertise, la synthèse du profil est affichée sur les zones de baignade, consultable en mairie, mais également sur le site du ministère lorsque ce dernier est disponible.

Le classement annuel en France

En France, les communes payent la surveillance mais ce sont les ARS qui décident la fréquence et missionnent des laboratoires pour procéder aux campagnes de prélèvements. Les résultats de ces prélèvements ponctuels sont consultables sur chaque site de baignade concerné, généralement au niveau du poste de secours, mais également en mairie ou sur internet.

Les communes ont la possibilité d’annuler 15% de « mauvais » échantillons sur les 4 ans de suivis ou un maximum de 1 par saison. Ce scénario doit être motivé et argumenté en justifiant que des mesures de protection de la santé des usagers ont été mises en place, qu’une enquête a été menée pour identifier la source de pollution et que des actions ont été mises en place pour la résoudre. Le classement annuel des eaux de baignade suit la typologie suivante : excellente, bonne, suffisante ou insuffisante.

Un minimum de 4 analyses par saison est-il représentatif de la qualité des eaux ?

Par définition, la pollution bactériologique est un phénomène très variable dans le temps et dans l’espace. Pour Surfrider, cette fréquence de mesures n’est pas représentative de l’état général de la qualité de l’eau cependant, il s’agit bien du cadre réglementaire imposé par la directive.

Prélèvements Ponctuels ARS

Comme nous venons de le voir, les communes sont tenues d’effectuer des prélèvements d’eau afin d’en évaluer la qualité tout au long de la saison estivale. En France, c’est l’ARS qui procède aux campagnes de prélèvements selon une fréquence de mesure définie avant la saison estivale. Les résultats de ces prélèvements ponctuels sont consultables sur chaque site de baignade concerné, généralement au niveau du poste de secours, mais également en mairie ou sur internet.

 

En raison des délais d’analyse (entre 36 et 48h), les résultats sont généralement affichés entre 2 et 3 jours après le prélèvement. Sur cet aspect, la réglementation française a fixé des seuils sanitaires basés sur une étude de l’AFSSET (nouvellement ANSES) pour déterminer la qualité de l’eau le jour du prélèvement. Ainsi la limite entre « résultat moyen » et « mauvais résultat » est fixée à 1000 E.coli/100ml et 370 entérocoques/100ml. La limite entre « bon résultat » et « résultat moyen » est fixée à 100 E.coli /100ml et 100 entérocoques/100ml.  Ce sont ces données qui permettront le classement annuel final.

Fermeture et gestion active

Les analyses bactériologiques effectuées par l’ARS, couplées à des modèles prévisionnels, constituent un outil d’aide à la décision permettant d’évaluer le risque de pollution de l’eau au cours de la journée. le Maire, responsable des eaux de baignades sur sa commune, rédige un arrêté interdisant la baignade et toutes autres activités nautiques sur la zone soumise à la surveillance.


Affichage de l’arrêté municipal à proximité du poste de secours

La flamme rouge est alors hissée. En effet cette flamme indique que la baignade est interdite, non seulement pour cause de mer forte, mais aussi en cas de pollution. En complément du flamme rouge, certaines communes ont adopté la flamme violette pour signaler la dégradation temporaire de la qualité de l’eau et apporter ainsi une explication directe à la fermeture.

Quelques communes s’intéressent à cette problématique mais bien souvent par des opérations de nettoyage de plages se résumant à des opérations curatives en période estivale. Des mesures de gestion doivent être proposées et mises en place sur l’ensemble de l’année afin de considérer cette problématique dans sa globalité.

L’information est-elle réellement visible, lisible et transparente ?

Certaines villes comme Biarritz[2], Marseille[3] ou Cassis[4] fournissent une information en temps réel de la qualité bactériologique de l’eau d’après leurs analyses rapides quotidiennes via des applications à télécharger. Certaines collectivités sont à l’initiative d’application fournissant uniquement de l’information sur les conditions météorologiques et les ouvertures ou fermetures, n’apportant que peu d’informations sur la qualité du milieu (informations limitées).

 

Quelques communes mettent en place des plaquettes explicatives à destination des estivants mais cette démarche reste anecdotique. Aujourd’hui l’attente des usagers en termes d’information et de transparence est grandissante.

Surfrider, par son réseau de suivi annuel de la qualité de l’eau des zones d’activités nautiques, appuyé par la diffusion d’information via de nombreux médias, oeuvre pour une amélioration de la situation en étant conscient que les choses prennent du temps.

Qu’en est-il de la surveillance des zones d’activités nautiques ?

Depuis près de quinze ans, Surfrider a développé et mis en place plusieurs réseaux de surveillance complémentaires sur la qualité des eaux d’activités nautiques afin de répondre aux inquiétudes des usagers et combler certaines lacunes réglementaires :

  • Exclusion du contrôle sanitaire des zones d’activités nautiques ;
  • Restriction des prélèvements uniquement en période estivale ;
  • Manque d’homogénéisation de l’information fournie aux usagers ;
  • Insuffisance dans les paramètres suivis

A l’échelle européenne, Surfrider fait partie du « Water Bathing Group » en tant qu’expert aux côtés des 28 Etats membres dans le cadre de la révision de la directive Eau de Baignade à l’horizon 2020.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter la Foire aux Questions Surfrider !

Vous souhaitez vous impliquer ? Lisez notre article sur le Laboratoire Citoyen Surfrider.

[1] http://baignades.sante.gouv.fr/baignades/editorial/fr/controle/directive2006_7_CE.pdf

[2] https://itunes.apple.com/fr/app/biarritz-infoplages/id894595545?mt=8

[3] http://www.1mobiles.fr/marseille-infosplages-142298.html

[4] https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.setavoo.cassisinfoplages&hl=fr