Dans un mois commencera la 21ème conférence des parties ou COP 21, qui s’annonce comme l’un des sommets les plus importants sur le climat de ces dernières décennies. Oui mais qu’est-ce que la COP 21 ? Son histoire ? Ses enjeux ? Qu’attendons-nous de ce sommet ? Quelques éléments de réponse pour comprendre les enjeux de ce sommet international.
Qu’est-ce que la COP ?
Pour commencer que se cache-t-il derrière cet acronyme ? COP signifie Conférence des parties (Conference of the Parties en anglais). Depuis 1995, les chefs d’Etats et l’ONU se réunissent chaque année pour parler changement climatique et mesures à prendre. A l’origine de cette réunion annuelle, l’adoption de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992.
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La question de l’environnement avant les COP
Conférence de Stockholm – 1972
Avant d’évoquer la COP21, il faut remonter quelques décennies et mentionner la conférence de Stockholm de 1972 qui fut le 1er colloque international à mettre en avant la question de l’environnement comme étant un enjeu majeur. Un certain nombre de recommandations et de principes ont été énoncés et c’est ici qu’a été décidée la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement.
Sommet de la Terre Rio – 1992
Le Sommet de la Terre organisé en 1992 à Rio a marqué un tournant important dans l’histoire des négociations sur le climat avec l’adoption de la CCNUCC. C’est lors de ce sommet qu’a été reconnue l’origine anthropique du changement climatique ainsi que la responsabilité des pays industrialisés. La Convention est entrée en vigueur en 1994 et a été ratifiée par 195 Etats et l’Union européenne. La première COP a eu lieu l’année suivante à Berlin.
Les COP qui ont marqué l’Histoire
Protocole de Kyoto – 1997
La 3ème Conférence des Parties a permis l’adoption du protocole de Kyoto, premier accord international juridiquement contraignant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le bilan de cet accord est à demi-teinte. Certes il s’agit d’une avancée indéniable et de nombreux pays (ainsi que l’Union européenne) ont respecté leurs engagements. Mais d’un autre côté il n’a été signé que par 55 pays industrialisés, les Etats-Unis n’ont jamais ratifié le protocole, le Canada et la Russie se sont quant à eux retirés et la Chine aujourd’hui premier pays émetteur de GES n’était pas concernée à l’époque.
Copenhague – 2009
La COP qui eut lieu à Copenhague en 2009 fut un échec. Un accord devait être pris lors de ce sommet mais faute de consensus entre les pays, seul est ressorti un texte présentant des orientations et l’évocation de solutions pour lutter contre le changement climatique.
Sommet de Durban – 2011
Suite à l’échec de Copenhague, c’est à Durban que les Etats ont choisi 2015 comme date pour prendre un accord universel pour le Climat. Depuis cette conférence, les COP qui ont suivi ont travaillé à la préparation de l’accord qui devra être pris au terme des négociations de décembre.
Quels sont les objectifs de la COP 21 ?
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L’objectif de la COP21 est de conclure un accord universel et contraignant, applicable à partir de 2020 aux 195 pays, pour limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour cela les pays doivent prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cet accord remplacera le protocole de Kyoto de 1997 qui doit prendre fin en 2020.
Autre objectif tout aussi important la question du financement. L’accord de Paris doit parvenir à mobiliser 100 milliard de dollars qui iront à destination des pays en développement pour les aider à mettre en place des mesures pour agir face aux changements climatiques. Pour l’heure seulement 4 milliards de dollars ont été déboursés par certains pays.
Comment fonctionne la COP21 ?
Du 30 novembre au 11 décembre, les 195 Etats qui ont ratifié la CCNUCC et l’ONU seront réunis à Paris sur le site du Bourget pour négocier un accord universel sur le climat. Il faut savoir que l’accord a déjà plus ou moins été pris. En effet les chefs d’Etat se retrouvés plusieurs fois cette année pour travailler l’accord en amont. Les Etats avaient également jusqu’à octobre pour rendre leurs engagements nationaux en matière de réduction des GES. A ce jour 150 Etats ont rendu leur copie. Au cours de ces deux semaines il s’agira ainsi de débattre des moyens d’actions et de parvenir à un accord. Côté logistique, le site du Bourget comprend trois différents espaces répartis sur pas moins de 18 hectares. Près de 40 000 personnes sont attendues sachant que certaines zones seront ouvertes au public.
Les trois zones du site du Bourget
- Le Centre de conférence : c’est dans cette « zone bleue » que se retrouveront les chefs d’Etat pour les négociations.
- Les espaces « Générations Climat » dédiés à la société civile et où vous pourrez retrouver une partie de l’équipe Surfrider. Un lieu de débats, d’échanges et de convivialité.
- La Galerie : zone réservée aux professionnels qui offrira un panorama des solutions développées par les entreprises face aux changements climatiques.
Pourquoi la COP21 pourrait être un échec ?
Soyons honnête le bilan des précédentes COP n’est pas très positif. Si certaines déclarations ont été marquantes, les avancées concrètes restent bien médiocres et cela pour de nombreuses raisons. Petit tour non exhaustif de ces obstacles :
Les limites du droit international
En droit international, il ne faut pas oublier que le principe qui prime c’est celui de non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Ainsi malgré le non-respect de leurs engagements, dans les faits les sanctions contre les Etats s’avèrent rarement contraignantes. De plus en matière de « justice climatique » il reste beaucoup à faire même si des cas isolés se multiplient ces derniers temps (Pays-Bas, Pakistan, Belgique).
Remise en question de la responsabilité historique des pays industrialisés
La question de la responsabilité historique des pays industrialisés reconnue en 1992, fait aujourd’hui débat et pourrait compliquer les négociations. D’un côté les pays considérés à l’époque comme industrialisés estiment que cette distinction pays développés/pays émergents ne tient plus. Ils prennent notamment l’exemple de la Chine et de l’Inde, aujourd’hui respectivement 1er et le 4ème pays émetteur de CO2, et qui n’entraient pas dans la « catégorie » des pays industrialisés lors du sommet de Rio. D’un autre côté beaucoup de pays émergents ne veulent et ne peuvent pas prendre les mêmes mesures contraignantes que les pays industrialisés.
Il va également être ardu de trouver un consensus et un point d’entente entre des pays climato-sceptique comme l’Austra
lie et certains Etats insulaires déjà fortement impactés par le changement climatique qui estiment que 2°C est loin d’être suffisant et qu’il faudrait plutôt viser les 1,5°C.
Etat des lieux des négociations en cours
Le projet d’accord qui a été pris le 23 octobre dernier à Bonn et qui servira de base aux négociations n’est quant à lui pas très rassurant. En effet, il laisse beaucoup trop de marge aux différents pays pour réduire les émissions de GES. Un des articles de ce « brouillon » propose 16 options, ce qui sous-entend que les mesures seront plus ou moins contraignantes en fonction des solutions. Or en laissant ce choix multiple aux pays, l’objectif de 2°C sera très difficile à atteindre. Surtout qu’en additionnant les engagements nationaux rendus à ce jour par 150 Etats pour réduire les GES, on atteint un seuil de réchauffement de 3°C pour 2100 et non de 2°C.
Pourquoi la COP21 pourrait marquer l’Histoire ?
Le constat et les prévisions sont certes des plus alarmants. Mais il nous faut rester optimiste. Cette urgence climatique nous pousse à être responsable et à ouvrir les yeux sur notre société.
Il est temps de mettre en oeuvre cette intelligence humaine dont parle souvent Hubert Reeves dans ses écrits. Nous avons la capacité d’agir, encore faut-il avoir le courage de faire le pas et prendre des mesures. Nous devons sortir d’un mode de développement devenu insoutenable et cela malgré les réticences de beaucoup.
La COP 21 est une opportunité de marquer l’Histoire, de pousser les décideurs politiques à franchir ce pas. Si les enjeux environnementaux ne suffisent pas à les convaincre, n’oublions pas que les enjeux en terme d’économie sont réels et importants tout comme les enjeux humains. Plus que jamais aujourd’hui nous avons conscience et connaissance des impacts du changement climatique. Nous ne pouvons plus les nier.
« Un océan en bonne santé, c’est un climat préservé »
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Et l’océan dans tout ça ?
Depuis plus d’un an, Surfrider oeuvre au côté des membres de la Plateforme Océan & Climat pour faire entendre la voix de l’océan et faire en sorte qu’il soit intégré dans le champ des négociations climatiques. Nous serons présents à Paris tout au long de la COP21, sur le site du Bourget ainsi qu’à Place To B le 5 décembre pour une journée consacrée aux océans et le 6 décembre dans les rues de Paris à l’occasion d’un happening dont nous vous dévoilerons plus d’informations dans les semaines à venir.
Nous vous proposerons sur notre site un journal de bord qui vous permettra de suivre nos aventures à la COP 21 ainsi que les temps forts de ces négociations.
Emilie Chavaroche, rédactrice environnement