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Riverine Input, retour aux sources d’un projet made in Surfrider

80% des déchets aquatiques présents dans les océans sont d’origine continentale. C’est face à ce constat que Surfrider a décidé en 2013 de lancer une étude pilote, appelée Riverine Input, afin de mieux comprendre d’où viennent ces déchets. Retour sur les débuts et l’évolution du projet.

Quel objectif ?

Grâce aux informations récoltées, le protocole scientifique mis en place par Riverine Input servira de base à d’autres études fluviales sur tout l’espace européen et permettra de proposer des mesures concrètes et des solutions adaptées afin de lutter contre les sources de pollution dans les rivières.


« Notre objectif n’est pas de pointer du doigt telle ou telle structure sur un bassin donné mais bien d’identifier les secteurs pollueurs afin de proposer des solutions globales qui pourront passer de la communication à l’optimisation technique en passant par la concertation ». Jean-Baptiste Dussaussois, Ingénieur Surfrider en charge du projet Riverine Input.


Élaboration du protocole scientifique

Dans un premier temps, il a fallu élaborer une méthodologie d’identification et de quantification des déchets aquatiques. Cette phase de recherche scientifique et bibliographique, qui a duré un an, a permis d’aboutir à une grille précise de classification des déchets. La grille regroupe pas moins de 140 types de déchets répartis en 13 catégories. Ce tableau de classification est à la base du protocole et permet de comparer chaque mois les résultats obtenus au sein d’un même site mais aussi entre les différents sites.


Résultat des déchets trouvés après un an de collecte en fonction de la grille de classification.

Puis il a fallu déterminer le lieu où serait mis en place le projet. Le bassin versant de l’Adour est rapidement identifié comme l’endroit idéal pour mettre en place ce projet car l’Adour est un fleuve qui prend sa source en montagne, traverse des villes et des villages, où se trouvent activités agricoles et industries, pour finalement se jeter dans l’océan.

Un travail de terrain

Une fois le Protocole scientifique longuement étudié, la phase 2 du projet s’est poursuivie par l’application concrète du Protocole sur le terrain.  L’équipe a du définir des points précis de prélèvement de déchets sur le pourtour de l’Adour. En partant de la source à Campan jusqu’à l’embouchure à Anglet, 8 points de collectes sont définis (7 en rivière et 1 sur la plage).

La fréquence d’échantillonnage des déchets sur les berges est arbitrairement fixée à une collecte par mois afin de disposer de données les plus précises possibles. Ainsi chaque mois les déchets sont collectés sur huit points de prélèvement sur la même surface délimitée à l’aide d’un GPS.

De Campan à Anglet, Journal de bord d’une tournée avec Riverine Input

Voici le journal de bord d’une tournée type Riverine Input, première de l’année 2016.

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Première étape : préparation du matériel technique – des Waders, combinaisons néoprène – un filet microscopique de 0,3 millimètres – un filet macroscopique de 3 millimètres – un courantomètre pour mesurer la vitesse d’écoulement du courant – des pots de collecte

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Le même processus est mis en place sur chaque point de collecte. Deux membres de l’équipe vont dans le fleuve, habillés de Waders, pour récolter les déchets à l’aide des deux filets, un filet macroscopique et un filet microscopique : chacun des deux filets sont laissés dans l’eau quelques minutes en fonction de la vitesse du courant. Les filets sont généralement remontés pleins de déchets où des micros bouts de plastiques et/ou du polystyrène se mêlent aux résidus organiques.

 

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Sur chaque point de prélèvement, les déchets présents sur la berge sont également récoltés (dans un périmètre bien délimité qui est toujours le même).

 

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Le point de prélèvement source est souvent enneigé en hiver. Les filets révèlent encore la présence de déchets alors que nous nous trouvons à la source même du cours d’eau.


Le même processus se répète sur chaque point de prélèvement et tous révèlent des déchets plastiques.

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Le fleuve est en crue sur le dernier point de collecte fluvial à Dax, empêchant l’équipe de procéder au prélèvement.

 


Le dernier prélèvement de déchets a lieu à l’embouchure, là où le fleuve se jette dans l’océan, à Anglet à la plage de La Barre directement attenante à l’estuaire. Ce jour-là, l’eau est particulièrement marron. à cause des crues du fleuve. Nous procédons à une collecte minutieuse des déchets de plus 0,5 cm présents sur la plage, tout doit être ramassé, en passant par les morceaux de plastiques et de polystyrène aux bouteilles en verre et fils de pêche. Le protocole mis en place sur ce dernier lieu de prélèvement diffère de celui mis en place en rivière. Il correspond au protocole OSPAR (Convention Oslo Paris) de quantification et d’identification des déchets sur les plages.

Tri et quantification des déchets

Une fois les déchets collectés ils sont ramenés à Biarritz au siège européen de Surfrider Foundation afin d’être triés et comptés selon la grille du protocole. Chaque mois des bénévoles viennent participer au tri. C’est à la fois un moyen de sensibilisation à la problématique tout en aidant l’équipe à effectuer un tri le plus précis possible.

Un projet reconnu au niveau européen

Grâce à son protocole novateur, le projet Riverine Input a attiré l’attention de la Commission Européenne qui a décidé de l’intégrer à la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM). La DCSMM est une directive du Parlement Européen qui a pour but de coordonner les actions locales des États membres sur la problématique des déchets. Ainsi intégré au groupe d’experts de cette Directive, l’Ingénieur en charge de Riverine Input présente tous les 6 mois l’avancée et les résultats du protocole aux membres de la Commission européenne. La prochaine réunion du groupe d’expert de la DCSMM aura lieu à Palerme en mars prochain.

Quelle suite ?

Le but du projet de Riverine Input est de parvenir dans les prochaines années à une harmonisation des Directives européennes de quantification des déchets aquatiques, puis à terme d’inclure les déchets comme indicateur de la qualité des milieux et du bon état écologique de celui-ci.

Les experts Surfrider en charge du projet continuent de donner des conférences sur le sujet afin de sensibiliser le grand public et de faire avancer les choses aussi bien au niveau local qu’au niveau européen.


Jean-Baptiste Dussaussois, en charge de Riverine Input, est membre élu du Comité du Bassin qui pilote les différents projets mis en place par les agences de l’Eau.

Le projet Riverine Input nous rappelle que les sources de pollution sont multiples et que la remise en question de nos modes de consommation et de notre modèle du traitement de fin de vie des déchets doit être globale et comprise par les citoyens, les entreprises, les institutions, les organisations, les collectivités ainsi que l’État.

Léa Daulan, Rédactrice Environnement

Pour plus d’informations sur le projet, consultez le blog officiel Riverine Input. Vous pouvez également suivre le projet sur Twitter @riverineinput

Depuis déjà trois ans le programme eau de la banque HSBC soutient financièrement Riverine Input et permet à notre équipe de mener le projet à bien.